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Bloguer pour l'abondance

Publié le 28 janvier 2012 par Paule @patty0green
Petit texte très spontané présenté lors de la table-ronde "le blogue vu de l'intérieur" organisée par Simon Brousseau http://soubresaut.wordpress.com/ et Bertrand Gervais http://cenestecritnullepart.nt2.uqam.ca/ avec Daniel Grenier http://sthenri.wordpress.com/, Amélie Paquet http://mmelovecraft.livejournal.com, Geneviève Pettersen http://madamechose.com et Myriam Daguzan Bernier http://mamereetaithipster.com
Bloguer pour l'abondance

Ça fait plusieurs fois que je parle ou que j’écris à propos de blogs, de manière formelle ou informelle, et je me suis donné le défi d’aborder le sujet sous un angle différent à chaque fois. À mon avis, ce qui caractérise le blog est avant tout son caractère insaisissable parce qu’il peut appartenir à n’importe qui, mais aussi parce qu’on peut lui donner n’importe quelledirection et on peut changer cette direction spontanément. Autrement dit, le blog est synonyme de « on fait ce qu’on veut ».

J'ai envie d’aborder l’écriture sur les blogs avec une notion que je trouve super importante et qui est en lien avec l’aspect insaisissable du blog. Cette notion est l’abondance. L’abondance des blogs, des idées sur les blogs, mais surtout l’abondance dans le processus d’écriture du blog lui-même. Je crois pouvoir affirmer que, ces temps-ci, j’écris presque tout le temps. J’écris compulsivement pour ne pas être bloquée, car cette sensation m’est insupportable. Que ce soit des articles, un journal intime, des tweets, ma thèse ou des chansons country : j’écris. Mes blogs font partie pour moi de cet acte d’écrire en continu.

J’ai commencé la rédaction de mes deux blogs dans le but d’accompagner l’exercice ardu de la rédaction de ma thèse. Mon blog effet de présence pourrait être qualifiéde blog académique puisque les réflexions qui s’y trouvent sont similaires à ce que l’on retrouvera dans ma thèse. Mon blog Patty O’Green est une exploration d’une extension identitaire, un blog dans lequel je m’amuse à mettre l’accent sur des déséquilibres, des situations déstabilisantes de la vie. Les deux blogs me permettent une liberté dans l’écriture que je ne trouve pas ailleurs, une liberté qui s’exprime entre autres dans l’exploration des différentes écritures médiatiques que le Web rend possible. Il est certain que j’utilise beaucoup le texte, mais j’y écris aussi avec des images, des vidéos, des jeux de couleurs, des gifs animés.

Il peut sembler étrange de constater que, sur mes blogs, je privilégie la quantité plutôt que la qualité. Toutefois l’abondance, c’est la quantité perçue comme quelque chose qui ne se dénombre pas vraiment. Plus j’écris, plus j’ai des idées, plus j’ai envie d’écrire. Puisque la majeure partie de mon travail, de mes loisirs et de ce que je dois faire pour mes études en ce moment requièrent l’écriture, je veux avoir envie d’écrire à tout moment. Privilégier la quantité plutôt que la qualité est une manière pour moi de garder un flux actif. Dans un tel flux, on s’en doute, tout n’est pas intéressant. Tel que Penelope Trunk, blogueuse active et ex net artiste, le mentionne: "if you can’t cope with a high degree of irrelevance, blog is not for you". J’endosse complètement cette affirmation. Toutefois, il me semble que même dans un flux rompu et peu actif, tout n’est pas intéressant non plus.

On me demande parfois si bloguer ne me prend pas trop de temps et d’énergie, du temps que je pourrais consacrer à ma thèse, par exemple. C’est le contraire. Cet investissement est loin d’être synonyme de gaspillage de temps et d’énergie. Je remarque que plus j’écris ma thèse, plus je blogue et non l’inverse. S’il y a abondance sur mes blogs, il n’y en a pas moins ailleurs, car quand le flux est actif, il est actif partout. Bloguer c’est surtout se créer un espace, voire de l’espace. Se créer de l’espace, telles que mes lectures en astrophysique me le révèlent, ça sauve du temps et ça donne de l’Énergie.

Bloguer, c’est aussi lire en abondance. Je ne fais pas une scission bien nette entre écrire et lire dans la blogosphère, c’est un dialogue continu avec les autres blogueurs. Je lis beaucoup de blogs, je commente quand j’ai le temps et je réponds toujours aux commentaires laissés sur mon blog. En fait, je suis une vraie jaseuse de blogs. Je suis toujours motivée à transformer n’importe quel fil de commentaires en chatroom délirant.Aussi, je rebondis parfois de manière plus ou moins explicite sur les billets des autres. cela me donne moins l’impression d’interagir dans la blogosphère, mais plutôt l’impression de participer à un flux d’idées, d’encourager leur circulation.

Ainsi, je ne connais pas ce blogueur narcissique et dont parle Geert Lovink l’un des théoriciens éminents du blog. Là où l’on voit du narcissisme, je vois du partage. Je suis toujours impressionnée par la générosité des blogueurs que je lis. C’est ça qui me fait le plus tripper. Tel que je le mentionne dans la description de mon blog « effet de présence », j’ai l’impression d’inscrire mes textes et mes réflexions dans une économie du don. Je me réfère ici moins à Marcel Mauss qu’à Lewis Hide qui écrit à propos de la manière dont certaines formes d’écriture ou d’art peuvent engendrer une économie de partage, l’auteur n’exigeant pas une réciprocité immédiate ou future. Bloguer me permet ainsi de maintenir une abondance dans mon écriture mais aussi de faire partie d’une abondance que je trouve extrêmement stimulante.


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