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Stoïcisme et philosophies orientales

Publié le 29 janvier 2012 par Joseleroy

Demain, je continue de donner des cours de philosophie pour les adultes à Paris.

Nous poursuivrons la lecture du Manuel d'Epictète, philosophe stoïcien du 1er et second siècle après J.C.

A cette occasion, nous montrerons certaines correspondances entre le stoïcisme et les philosophies orientales, bouddhisme, hindouisme et taoïsme. Sans doute y a-t-il certaines divergences, mais aussi de remarquables proximités notamment dans la notion d'indifférence ou d'égalité d'âme.

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Etre indifférent à sa situation, avoir un regard égal en tout
"— Kien-ou dit à Sounnchou-nao : « Vous avez été mis en charge trois fois sans vous exalter, et avez été congédié trois fois sans vous affecter. J'ai d'abord soupçonné que vous posiez pour l'indifférence. Mais, m'étant convaincu que, dans ces occurrences, votre respiration reste parfaitement calme, je crois maintenant que vous êtes vraiment indifférent. Comment avez-vous fait pour en arriver là ? » « Je n'ai rien fait du tout, dit Sounnchou-nao. Je n'ai été pour rien, ni dans mes nominations, ni dans mes dégradations. Il n'y a eu, dans ces aventures, ni gain ni perte pour mon moi, voilà pourquoi je ne me suis ni exalté ni affecté. Qu'y a-t-il en cela d'extraordinaire ? Rien de plus naturel, au contraire. Ma charge n'était pas mon moi, mon moi n'était pas ma charge. Faveur et défaveur tenaient à ma charge, non à mon moi. Alors, pourquoi me serais-je donné l'inquiétude et la fatigue de m'en préoc¬cuper? N'eussé-je pas perdu mon temps à penser à l'estime ou à la mésestime des hommes ? » Confucius, ayant su cette réponse, dit : « Voilà bien l'homme vrai antique. Les anciens de cette trempe, ne se laissaient ni impressionner par les discours des savants, ni séduire par les charmes de la beauté, ni violenter par les puissants brutaux. Ni l'amour de la vie, ni 1a crainte de la mort, ces motifs si puissants sur le vulgaire, ne leur faisaient aucune impression. Alors quel effet pouvaient leur faire les dignités et les richesses ? Leur esprit était plus haut que les montagnes, plus profond que les abîmes. Que leur importait que leur position sociale fût infime. L'univers entier étant à eux par leur union au cosmos universel, concéder les dignités et les richesses au vulgaire ne les appauvrissait pas, le grand tout leur restant. »
Tchouang-Tseu
« Pourquoi donc nous irritons-nous ? Parce que nous attachons du prix aux choses qui nous sont enlevées(…) Si tu t’en détaches et les comptes pour rien, contre qui pourrais-tu bien t’irriter ? »
Epictete, Entretiens
« Quel est l’homme invincible ? C’est celui que rien ne peut troubler, rien de ce qui est indépendant de sa personne. »
Epictete, Entretiens
La mort de son enfant
« A propos de tout objet d'agrément, d'utilité ou d'affection, n'oublie pas de te dire en toi-même ce qu'il est, à commencer par les moins considérables. Si tu aimes une marmite, dis : « C'est une marmite que j'aime ; » alors, quand elle se cassera, tu n'en seras pas troublé : quand tu embrasses ton enfant ou ta femme, dis-toi que c'est un être humain que tu embrasses ; et alors sa mort ne te troublera pas. »
Epictète, Manuel
"— A Weï, un certain Tong-menn Ou, ayant perdu son fils, ne le pleura pas. Quelqu'un qui demeurait avec lui, lui dit : « Vous aimiez pourtant votre fils ; comment se fait-il que, maintenant qu'il est mort, vous ne le pleuriez pas ? » Tong-menn Ou dit : « Jadis, durant bien des années, avant sa naissance, je vécus sans ce fils, sans me chagriner, Maintenant qu'il est mort, je me reporte à ce temps-là, me figure qui je ne l'ai jamais eu, et ne me chagrine pas davantage. D'ailleurs, à quoi bon ! Les agriculteurs se soucient de leurs récoltes, les marchands de leur commerce, les artisans de leur métier, les officiers de leur emploi. Or tout cela dépend de circonstances indépendantes de leur volonté. A l'agriculteur il faut de la pluie, au marchand de la chance, à l'artisan de l'ouvrage, à l'officier une occasion de se distinguer. Or, c'est de la fatalité uniquement, que dépendent les circonstances et les occasions. »
LIE-TZEU,
Bouddhisme et stoïcisme
L’impermanence
"Pour tout objet qui t'attire, te sert ou te plaît, représente-toi bien ce qu'il est, en commençant par les choses les plus petites. Si tu aimes un pot de terre, dis-toi : 'J'aime un pot de terre.' S'il se casse, tu n'en feras pas une maladie. En serrant dans tes bras ton enfant ou ta femme, dis-toi : 'J'embrasse un être humain.' S'ils viennent à mourir, tu n'en seras pas autrement bouleversé."
Epictète, Manuel
"Le temps de la vie de l'homme, un instant ; sa substance, fluente ; ses sensations, indistinctes ; l'assemblage de tout son corps, une facile décomposition ; son âme, un tourbillon."
Marc-Aurèle, Pensées, XVI
"Le temps est comme un fleuve et un courant violent formé de toutes choses. Aussitôt, en effet, qu'une chose est vue, elle est entraînée ; une autre est-elle apportée, celle-là va aussi être emportée."
Marc-Aurèle, Pensées, IV
« L'impermanence des choses, c'est l'apparition, le passage et la transformation des choses ou la disparition des choses qui ont commencé à être ou qui ont apparu. Cela signifie que ces choses ne persistent jamais de la même façon, mais qu'elles disparaissent et se dissolvent d'un moment à l'autre »
Buddhaghosa en 430 apr. J.-C, Visuddhimagga
« Je ne vois nulle part de situation permanente, stable, immuable, telle qu'on puisse demeurer éternellement dans la même condition. »
Bouddha, Alagaddûpama-sutta


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