Magazine Séries

"Chuck vs. Sarah & the Goodbye" (Chuck - 5.12/5.13)

Publié le 30 janvier 2012 par Shoone

Chuck: 5.12/5.13 Chuck vs. Sarah & the Goodbye (Series Finale)



5 saisons. 91 épisodes. 4 ans et 4 mois. Pour une série qui n’aurait jamais dû dépasser sa première saison, cela défie toute logique. C’est l’une des leçons à tirer de l’histoire de Chuck. Les audiences ne font pas tout et l’industrie TV est un monde bien imprévisible. Avec ce final, la série passe ainsi à la postérité comme l’une des plus grandes miraculées de la télévision américaine et ce sera certainement pour cette raison essentiellement qu’on se souviendra d’elle. Pour moi cependant, au-delà de cet exploit d’improbable durée de vie, les plus grands mérites de la série resteront son humilité et sa fidélité constante à son esprit original. Pour faire honneur à ces deux qualités, je ne pouvais alors rêver meilleur final.


Après l’amnésie de Sarah et sa manipulation par Quinn, c’est donc sur un duel entre elle et Chuck que se concentre cet ultime chapitre. Encore que plus qu’à son introduction, j’ai été conquis par ce dernier twist de la série. Opposer Chuck et Sarah, c’était finalement une ingénieuse façon de créer les enjeux les plus importants possibles. L’amour des personnages a en effet toujours été le cœur du show et leur mise en couple, son plus grand accomplissement. Le briser revenait alors se garantir une vraie intensité. J’ai apprécié par ailleurs, qu’on en vienne rapidement à la confrontation sans faire traîner la couverture de Sarah. Encore une fois, vu la relation forte et longuement travaillée des deux personnages, il était logique que même le changement le plus infime soit ressenti. La méfiance de Chuck n’apparaît donc en rien anormale et sa préoccupation pour chaque détail étrange dans le comportement de Sarah vient bien témoigner de l’intensité de son amour pour elle. C’est toutefois quand la trahison de Sarah est clairement confirmée qu’on se rend encore mieux compte de la force du lien qui le relie à elle. Tout le côté obscur de celle-ci est révélé et on réussit d’ailleurs à vite faire d’elle un danger crédible en la faisant prendre en otage Morgan puis kidnapper Ellie, mais reste que Chuck croit encore au retour de la Sarah qu’il connaît. Si bien qu’il va jusqu’à mettre sa propre vie en danger en s’isolant avec elle dans la maison de leurs rêves, qui trouve du coup là son intérêt, pour la forcer à se souvenir. Un plan qui offre à l’épisode sa scène la plus puissante, ou tout du moins ma préférée, avec une Yvonne Strahovski qui frustre magistralement de par son insensibilité et un Zachary Levi qui se dépasse pour retranscrire le désespoir de Chuck.


La quête de la mémoire perdue de Sarah s’impose également pour moi comme une merveilleuse idée dans la mesure où elle sert d’excellent prétexte pour replonger dans l’histoire du couple. Que ce soit lors des tentatives de Chuck de tout raconter à Sarah pour qu’elle se rappelle ou quand des souvenirs lui reviennent peu à peu, il y a ainsi toujours des occasions pour multiplier les références aux grands moments de la relation et retracer toute l’évolution des deux tourtereaux. Les brefs flashbacks émotionnels, font par conséquent toujours mouche. Ils ne tombent pas comme des cheveux dans la soupe puisqu’ils sont légitimés par la volonté d’en appeler aux souvenirs de Sarah. Pour jouer sur la nostalgie, la série ne se prive pas non plus, d’autre part, de disséminer dans le récit diverses références au passé et à ses petites traditions, comme les conseils de Morgan à Chuck, les éternelles discussions avec Ellie, la salle intersect, le rejet des armes de Chuck, le retour de Beckman et Mary Bartowski ou encore le passage de Sarah au stand du Nerd Herd ou son dialogue avec Chuck sur la plage qui font directement écho au pilot. De la sorte, le tout donne en plus clairement l’impression de boucler la boucle.

Dans le même temps, à travers une ultime mission de la Team Bartowski dont la série n’a absolument pas à rougir, on donne aussi une place de choix à ce qui a toujours fait la force de Chuck : l’humour et l’action. On est ainsi servis niveau comédie avec les pitreries de Morgan en mission, le réseau de renseignements du Buy More ou l’arrivée cocasse de la mère de Chuck notamment. La traque de l’ intersect  et de Quinn offre quant à elle un joli quota de fights et effets spéciaux entre l’infiltration du labo de l’ intersect en force par Sarah, les péripéties à Berlin ou l’évasion de Sarah de l’avion d’un contact de Quinn. Bon, pour vous dire la vérité, même si j’ai savouré les divers combats contre les forces de Quinn, en aucun cas il n’est devenu subitement pour moi, un bad-guy crédible. Mais j’ai fini par lui pardonner son ridicule. Pour deux raisons. D’abord il permet une belle référence sérielle geek, avec Mark Pellegrino, l’éternel Jacob de Lost qui lui sert de contact avec le Fulcrum. Puis parce que son plan de « bombe musicale » pour piéger Beckman ne manque pas d’originalité et crée un bon climax d’intensité dans le final… mais surtout aussi parce qu’il offre l’opportunité à Jeff et Lester d’à nouveau jouer les héros de la façon la plus délurée qui soit. A savoir, en reformant Jeffster !  Et entre leur interprétation de « Take On Me » et la référence à Lost, c’est en plus un bon moyen, j’ai trouvé, pour la série de revendiquer une dernière fois son identité geek.

S’il est beaucoup question du chemin parcouru et d’hommages dans ce final, Chuck n’en n’oublie pas non plus de donner une fin satisfaisante pour quasiment tout le monde. D’abord Ellie et Devon qui s’en vont pour Chicago. La nouvelle arrive un peu brusquement mais le départ fait sens. Ellie a toujours été une sœur-protectrice pour Chuck, son dernier roc. Mais le personnage a grandi et 5 ans après le début de la série, il sait désormais se débrouiller par lui-même sans se reposer sur sa sœur. Celle-ci peut donc le laisser livré à lui-même, même sans souci. Casey lui s’éclipse pour retrouver Verbanski. Un beau happy-end pour le Colonel qui vient couronner une longue évolution de laquelle il est ressorti bien plus humain, comme viennent le prouver les remarques de Morgan puis sa tendre accolade à Chuck. Morgan et Alex quant à eux emménagent ensemble. A vrai dire, je ne vois ça que comme du bonus, il n’y avait plus vraiment grand-chose à résoudre de leur côté après leur réconciliation. Mais ça reste une bonne conclusion, un happy-end dans l’esprit léger de la série et qui inscrit bien Morgan dans une volonté de passage à l’âge adulte.


Reste la délicate question de la conclusion choisie pour Chuck et Sarah. C’est sur la plage où sont nés leurs premiers sentiments l’un pour l’autre que tout s’achève pour eux, avec une Sarah apparemment toujours amnésique. C’est une fin ouverte qui frustrera sans doute nombre de fans mais, qui après mûre réflexion, me convient parfaitement. Sarah retrouve-t-elle la mémoire ? On est libre de l’imaginer et c’est dans un sens mieux comme ça. Le happy-end aurait été trop facile et prévisible et laisser la chose ouverte à interprétation est une belle manière de laisser chaque fan s’approprier la série je pense. J’aime à croire pour ma part que Sarah finit bien par se rappeler de tout, vu, de plus, comme des indices sur le retour de sa mémoire sont glissés tout au long du final. Le fait que ce soit elle qui demande à Chuck de l’embrasser pour tenter de se souvenir montre d’autre part bien que c’est également ce qu’elle désire. Au fond, on suggère aussi que quoi qu’il arrive, la jeune femme est amenée à retomber amoureuse du nerd et c’est peut-être la vision de la scène finale la plus poétique.


En conclusion, Chuck n’aura jamais été reconnue comme une grande série, mais à bien des égards, elle restera dans les annales. Non, elle ne transmet pas de message profond, ne pousse pas à la réflexion… mais elle s’est toujours montré infiniment attachante, drôle, attentionnée pour ses personnages. C’est aussi ça la télévision. Pas qu’un scénario complexe et intelligent mais aussi des gens, une ambiance qu’on se plaît à retrouver et qui nous divertit. C’est ce que la série s’est attachée à proposer. Et avec succès. Je suis donc heureux de la voir partir la tête haute, fidèle à la même avec ce final faisant une parfaite synthèse de ce qu’elle est, entre esprit résolument fun et chaleureux. Mais c’est aussi un grand vide qu’il reste maintenant pour moi. Peut-être encore plus grand qu’avec la fin d’une série de prestige. Il y a des séries magistrales qu’on regrette pour leur inimitable maîtrise, mais Chuck on la regrettera comme un être cher, pour avoir offert toutes ces années inespérées de plaisir, humour et tendresse.


Retour à La Une de Logo Paperblog