Je crois savoir qu’un remake de ce film est programmé pour l’année prochaine. Personnellement, je me contenterais de cet original, qui m’a plutôt bien scotché. A part les scènes finales, où la focalisation sur les déboires du héros, vire vraiment au pathétique, l’ensemble est un très honnête film noir. Qui en reprenant le sempiternel credo des mutineries carcérales, tente de faire preuve d’un peu d’imagination. On la doit en tout premier lieu à l’œuvre de F.P. Gandul , dont le roman a été adapté, sans être un simple copié-collé. Le réalisateur, qui pour ce film, rafle huit Goya, s’emploie à brouiller les cartes, au moment où la donne semble évidente.
Un gardien de prison, fraîchement débarqué ,tombe pour son premier jour, sur une mutinerie. Personne ne le connaît, il visite la place, et devient un détenu pas ordinaire. Un individu double face que Alberto Ammann , aborde un peu timidement me semble-t-il.
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Sans être scénariste, romancier ou cinéaste, on imagine un peu vers quelles situations nous conduit ce genre de situation. Mais pas forcément là où nous mène le réalisateur. Nullement manichéen, Daniel Monzón multiplie les cas de figures ,qui prennent tous la tangente des idées reçues.
L’origine de la mutinerie, la présence de membres de l’ETA dont le transfert était imminent, à l’extérieur de la prison, où la riposte s’organise, on s’interroge ainsi beaucoup sur un mouvement pas forcément spontané.A l’intérieur ,le doute est aussi de mise ; dans l’entourage du boss, Malamadre (Luis Tosar , très bien) on se pose quand même quelques questions sur le nouvel arrivant.
Dehors, dedans, la caméra va et vient, relayée par la vidéo surveillance de la prison. Un jeu dont Daniel Monzón s’acquitte avec maestria, soucieux de donner du spectacle et de la réflexion.Ce mélange des genres, alimente la tension grandissante, au fur et à mesure des tractations. Le réalisme est total, proche du documentaire, et seule la vision dramatique des personnages (peu de dialogues, des regards éloquents), nous remet en mémoire les fondamentaux de ce cinéma de genre. Dans le genre, franchement, je n’en demande pas plus
Malamadre, le chef de la rebellion
Le making of ( 34 mn )
Le film raconté par le menu, avec en toile de fond, le décor, et plusieurs scènes de tournage.
Ce sera l’ancienne prison de la ville de Zamora en Espagne, où Daniel Monzón a fait appel à près de 500 figurants, parmi lesquels des prisonniers de la prison de Topas et du centre d’insertion sociale pénitentiaire de la ville. Visite des lieux.
Toutes les intentions du réalisateur, le choix des caméras en fonction des situations, « caméra à l’épaule, c’était stimulant, on vivait notre propre mutinerie », le point de vue des acteurs, complètent ce making of ,bavard mais agréable.
Cellule 211 n’est pas sans rappelé «Un prophète» de Jacques Audiard, sorti la même année : l’univers carcéral des deux histoires et, le succès critique et populaire du film qui a raflé huit Goya en Espagne (contre neuf Césars pour Audiard).