A 25 ans, Arnaud Maret publie un roman de 500 pages.
Le fait déjà tient de l’exploit. Il y en a un deuxième dans Les Ecumes noires: le roman est habité par un souffle qui pousse le lecteur jusqu’au bout de l’histoire. Histoire ici est d’ailleurs à prendre dans ses deux sens: la fiction et l’étude du passé.
Le personnage principal s’appelle Julien Kelsen. Il est jeune professeur à l’Université de Fribourg, là où Arnaud Maret a obtenu justement un Master en histoire, avec, comme titre de mémoire: Le national-socialisme à travers le regard de la presse valaisanne francophone. Représentations de l'Allemagne et dérives antisémites à la lumière du facteur confessionnel, 1933-1938.
Ce qui n’est pas sans rapport avec le roman qu’il publie, comme on le verra.
Donc, en 1989, Julien Kelsen apprend que son père a été assassiné à Münich où il vivait. Abasourdi, il s’y rend, rencontre un commissaire humaniste nommé Hertling, et apprend que tout l’accuse de cette mort.
Si Hertling était un simple flic borné, Kelsen serait vite condamné pour parricide. Mais il parvient à se disculper et commence sa propre enquête, qui va réveiller quelques fantômes.
Pendant la guerre de 39-45, son père n’était pas exactement qui il croyait. Une photographie, puis la confession d’un de ses anciens complices font apparaître un épisode monstrueux, arrivé en Hongrie en 1944.
Pour comprendre, Kelsen fouille ce qu’il peut trouver, reconstitue une époque sombre, découvre un nouveau visage à son père. Il n’est pas seul à s’intéresser à son histoire. Une femme mystérieuse agit en coulisses, en parallèle de ses recherches, poursuivant une vengeance que Kelsen va peu à peu cerner, et dont la découverte va le transformer.
L
a forme du livre, comme on le voit, est celle d’un polar, dont les révélations successives font avancer l’intrigue et retiennent le lecteur. L’écriture est simple, claire, efficace, évocatrice.Il y a bien évidemment quelques petites longueurs, comment n’y en aurait-il pas dans un livre de cette ampleur? Les trajets décrits, par exemple, dressent une topographie minutieuse des villes traversées. Le procédé est d’ailleurs utile au genre du polar: le ralentissement des événements exacerbe le suspense.
Réussite, donc, pour le prometteur Arnaud Maret, Valaisan originaire de Bagnes, né en 1986. Actuellement, il vit entre Fribourg, Lausanne et le Valais, poursuit des études de droit en parallèle de son activité professionnelle dans le domaine de la conservation du patrimoine écrit et sonore, annonce le quatrième de couverture. Et il écrit. On se réjouit de le suivre.
Arnaud Maret, Les Ecumes noires, Editions de L’Aire