On me demandait l'autre jour un poème que j'aimais particulièrement pour célébrer le Printemps des Poètes. Pas très amateur de ce genre de manifestations, mais incapable de refuser une demande gentille, j'ai cherché sans trouvé autre chose que quelques phrases de Rimbaud qui, sans que je sache pourquoi, me reviennent régulièrement en tête.
Oh! la science! On a tout repris. Pour le corps et pour l'âme, - le viatique, -
on a la médecine et la philosophie, - les remèdes de bonnes femmes et les
chansons populaires arrangés. Et les divertissements des princes et les jeux
qu'ils interdisaient! Géographie, cosmographie, mécanique, chimie!...
La science, la nouvelle noblesse! Le progrès. Le monde marche! Pourquoi ne tournerait-il pas?
C'est la vision des nombres. Nous allons à l'Esprit. C'est très-certain, c'est oracle, ce que je dis. Je comprends, et ne sachant m'expliquer sans paroles païennes, je voudrais me taire.
Ne me demandez pas pourquoi, mais c'est surtout ce passage de la version anglaise qui passe en boucle:
Science, the new aristocracy. Progress. The world is on the march. Why shouldn't
it turn too?
It's the vision of numbers. We are moving towards the Spirit. Certainly: it's the voice of the oracle, what I say. I understand, and not knowing how to express myself without pagan words, I prefer to remain silent