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Betty Blues (Dillies)

Par Mo
Betty Blues

Dillies © Paquet - 2033

Little Rice Duck est jeune homme qui gagne sa vie en jouant de la trompette dans les clubs de jazz. Chaque soir, il transcende son public. Parmi les spectateurs, Betty, la femme de sa vie qui, à l’instar de l’auditorium, reste absente, comme insensible aux émotions que Rice communique via ses mélodies. La jeune femme passe ses soirées au bar, à boire du champagne. Elle se laisse draguer et offre ses charmes à quiconque épongerait sa soif de champagne. Un soir, elle accepte même de partir avec un riche inconnu. L’idylle ne durera qu’une nuit et lorsque Betty se réveille, la mémoire encore embuée des vapeurs de l’alcool but la veille, elle ne réalise pas tout de suite la situation. Son bourgeois la couvre de présents, promet de lui décrocher la lune avec ses milliards… Betty ne parvient pas à dire non à tout cela.

De son côté, Rice est terrassé par le départ de Betty. Il noie son chagrin dans l’alcool durant une nuit de beuverie. Betty était sa raison de vivre, sans elle… cela ne vaut pas le coup de continuer. Il jette sa trompette du haut d’un pont et monte dans le premier train qui passe.

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Avec Rice, le lecteur participe à un road-movie touchant. Renaud Dillies scénarise cette histoire avec beaucoup de tendresse et de poésie. Son duo de personnages principaux est livré en pâture au destin, leurs sentiments sont piétinés par les aléas de la vie. D’un côté, une jeune femme se débat avec elle-même. Influençable, incapable de prendre une quelconque initiative, elle s’enfonce dans son mal-être et se laisse porter par cette nouvelle relation qu’elle investit bien peu. Partagée entre le fait de profiter de cette nouvelle vie luxueuse et l’envie de retrouver ses propres repères, Betty va rester passive la majeure partie de l’histoire pendant que Rice se débat avec la souffrance que lui cause le départ de Betty. Sans un sou en poche, sans même un petit baluchon, le frêle canard part à l’aventure sur les routes.

L’univers graphique de Renaud Dillies est le même d’un album à l’autre, il y a un petit air de “déjà-vu” pour les chanceux qui connaitraient déjà Abélard. Pourtant, je ne ressens aucune lassitude à parcourir ces pages même si le récit s’articule autour des mêmes thèmes : les sentiments, la musique, la fuite. Une fuite choisie par le poussin Abélard qui rêvait de voir d’autres paysages que ceux de son marais… une fuite spontanée, irréfléchie, pour le canard Rice qui part sur un coup de tête. Au bout du chemin, la quête de soi, la découverte des autres, le rejet des rituels et des préjugés. Les passerelles entre les deux récits sont nombreuses, à commencer par la forte ressemblance physique entre ces deux frêles héros ; on pourrait croire à l’étirement d’un même monde, on pourrait s’attendre à entre-apercevoir Abélard au détour d’un chemin. Malgré tout, les deux scénarios ne donnent aucune impression de copier/coller. Une douce poésie teinte aussi délicatement le récit de Betty Blues que les couleurs d’Anne-Claire Jouvray créant une réelle émotion et de l’empathie chez le lecteur. Difficile de ne pas fondre pour ces personnages, difficile de ne pas les aimer, difficile enfin de ne pas faire siennes leurs réflexions sur le sens de la vie et le monde qui les entoure. Intolérance, respect de l’environnement, amitié, sens des valeurs, alcoolisme… un univers anthropomorphique très juste, très vivant.

Roaarrr Challenge
Prix du premier album à Angoulème en 2004, Prix du dessin à Sérignan en 2004, Prix Abracadabulles au Havre d’Olonne en 2004, cette chronique me permet de participer une nouvelle fois au Roaarrr Challenge.

Betty Blues (Dillies)
Betty Blues (Dillies)
Une lecture coup de cœur, un album tendre et émouvant que je recommande.

Une lecture commune que j’ai partagée en compagnie d’Yvan, OliV, Joëlle et Chtimie. Je vous invite à découvrir leurs chroniques.

Extraits :

“C’est ainsi que commença mon histoire. Mon exaltation musicale avait pris le pas sur Betty. Elle se sentait seule et moi je passais le plus clair de mon temps à tenter de sortir la note juste… l’accord parfait. Elle s’est cassée, elle m’a brisé” (Betty Blues).

“Je m’étais dit que, peut-être, je descendrais au terminus… Histoire de mettre de la distance entre Betty et moi… Vous pouvez appeler ça prendre la fuite… Moi, je dirais plutôt essayer de trouver de l’espoir dans l’insupportable“… (Betty Blues).

Betty Blues

Challenge Petit Bac

Catégorie Prénom

Éditeur: Paquet

Dessinateur / Scénariste: Renaud DILLIES

Dépôt légal : septembre 2003

ISBN : 9782940334179

Bulles bulles bulles…

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Betty blues – Dillies © Paquet – 2003


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