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Andrea H. JAPP - Lacrimae : 7-/10

Par Eden2010

Andrea H. JAPP - Lacrimae : 7-/10

Andrea H. JAPP – Lacrimae : 7-/10

(tome 2 des « Mystères de Druon de Brévaux »)

Voici donc la suite des aventures de Druon de Brévaux, le jeune mire itinérant découvert dans « Aesculapius » (voir mon commentaire sur ce premier tome : http://edenlalu.centerblog.net/257-andrea-h-japp-aesculapius-810 ) et qui n’est nulle autre qu’Héluise, la fille de Jehan Fauvel mort dans les cachots lugubres de l’Inquisition. Druon de Brévaux est à la recherche de la raison même qui a conduit son père à la Question – et en même temps il fuit l’Inquisition et bien d’autres encore puisqu’ils sont nombreux à penser que la fille de Jehan Fauvel est certainement en possession du secret précieux, celui de la pierre rouge.

Dans sa quête, Druon de Brévaux, toujours accompagné du jeune Huguelin, devenu son apprenti, arrive à Thiron, une bourgade qui vient d’être secouée par de terribles meurtres : d’abord celui d’un mercier avide puis celui d’un jeune moine pieux, tous deux poignardés avant que l’on ne leur tranche la main droite ! Et le meurtrier ne semble pas vouloir s’arrêter là … Druon ne peut faire autrement que de prêter main forte lors de l’enquête, d’autant plus qu’il se lie d’amitié avec l’aubergiste qui lui demande personnellement son aide.

Une autre affaire à résoudre donc, et encore une fois Druon procédera tel un Sherlock Holmes médiéval, combinant et déduisant. Et encore une fois, le point fort du livre est non pas l’intrigue (qui est pourtant un peu plus dense que celle du premier roman) mais bien l’écriture qui nous fait comprendre l’origine de certaines expressions, qui nous fait découvrir l’évolution du langage même sans que cela ne devienne lourd.

Au début, il est vrai, les notes de bas-de-page reflètent assez exactement celles du premier roman et m’ont donc juste ennuyée. Mais finalement on reprend le rythme d’informations distrayantes distribuées ici et là qui égaient le roman.

Et cet aspect-là du livre, j’ai adoré ! J’ai l’impression d’être plus savante et je peux désormais glisser des observations d’une trivialité désespérante dans une conversation (p.ex. pourquoi on dit « passer l’arme à gauche »). Même si mes futurs interlocuteurs tourneront les yeux vers le ciel, je serai ravie.

Je pense, sincèrement, que sans ce petit plus les mystères de Druon de Brévaux n’auraient pas la moitié de leur intérêt, puisque les énigmes que résoudra Druon ne sont pas nouveaux, c’est un peu du déjà lu. Mais un roman est toujours un ensemble, et là, la combinaison marche.

Mais revenons-en au fond du roman :

Nous accompagnons donc le jeune mire qui tente de résoudre l’affaire des meurtres alors qu’à l’horizon la menace qui pèse sur sa personne se précise, cette ombre qui poursuit Druon, et les mailles du filet se resserrent puisque l’un de ses poursuivant a compris qu’Héluise a dû recourir à une supercherie pour disparaître ainsi, qu’elle s’est certainement travestie en homme… Le pire est que Druon n’est pas véritablement conscient de ce danger, il souhaite juste découvrir pourquoi son père devait mourir dans de si atroces circonstances.

Cette intrigue « fil rouge » qui traverse les romans de la trilogie ne prend que quelques pages dans ce roman mais nous promet un joli suspense dans le troisième et dernier tome de cette série. Malheureusement, les chapitres consacrés à ce que je vais appeler « le mystère de la pierre rouge » sont introduits de façon un peu maladroite dans l’ensemble ; heureusement, ce n’est guère gênant.

Ce qui m’a réellement déçue dans ce roman, c’est la fin, le moment qu’on attend, celui de la révélation. C’était franchement frustrant. Je ne sais comment le décrire. Tout tombe à plat lorsque le meurtrier est démasqué. Un réel point noir. Si dans le premier roman l’intrigue était légère, du moins elle était logique et le meurtrier une fois démasqué nous « plaisait ». Ici, ce n’est pas le cas, alors que la construction du mystère était pourtant meilleure. Dommage.

« Lacrimae » reste néanmoins un roman plaisant qui nous est proposé d’une écriture originale, avec des caractères attachants. On se prend au jeu et on a envie de lire la suite.

Et il faut bien l’admettre, malgré ses points faibles « Lacrimae » est un roman qui présente trois avantages non négligeables : il nous offre 1) un moment de lecture agréable et sans ennui, 2) l’impression d’apprendre des choses (même s’il s’agit de faits sans importance, nous avons l’impression d’avoir une lecture intelligente) et 3) un regard sur le début du XIVème siècle.

Pour finir, deux petites observations de pure forme, sans aucune incidence sur le roman et même sans lien avec le fond, mais vous savez, depuis le temps, que je m’attache parfois à des détails étonnants qui me hérissent les poils, parfois sans raison :

1) Le quart de couverture nous indique que « Lacrimae est la seconde aventure de Druon de Brévaux …. » - nononononon, c’est la deuxième  aventure de Druon de Brévaux puisqu’il y aura un troisième volume !! Un manque de précision ennuyeux, surtout de la part d’une grande maison d’édition (Flammarion).

2) Les débuts de chapitres sont joliment décorés, avec une première lettre mise en avant par des fioritures médiévales. J’apprécie, cela donne du charme. Mais si on embellit la première lettre d’un mot il ne faut surtout pas la répéter – ce qui est le cas ici. Systématiquement. Ainsi chaque premier mot se retrouve avec une première lettre dédoublée (« HHuguelin …. », « UUne nuit » etc. etc.). Dommage, cela gâche en une fraction de seconde ce qui a été gagné par la décoration.

Bref, un roman plaisant, qui mérite malgré une certaine fadeur de l’intrigue une jolie « note » puisque je l’ai lu d’une traite sans m’ennuyer.

L’énigme de la pierre rouge sera dévoilée dans Templa Mentis, le troisième et dernier volume des mystères de Druon de Brévaux.


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