Les Français fans de kebabs

Le kebab : turc ou grec ? Mouton ou dinde? A vrai dire, peu de français connaissent vraiment la réponse, mais cela ne les empêche pas de consommer avec plaisir le fameux sandwich oriental.

Pour les curieux, c’est l’immigré turc Mehmet Aygun qui inventa cette spécialité. Elle est née à Berlin, en 1971. Cette sorte de sandwich lui a été inspirée par le « döner kebap » (littéralement : grillade tournante)  qui est une spécialité turque à base de viande grillée sur une broche tournante et que l’on propose dans la plupart des restaurants turcs, servie dans une assiette! Mehmet Aygun a gardé la viande et les légumes qui l’accompagnent traditionnellement et les a mis dans du pain, avec des frites pour les plus affamés. Il crée ainsi un nouveau produit à la base du développement en Europe de nombreux points de restauration rapide.

Comment expliquer l’essor des kebabs en France ? En effet, entre le hamburger et le jambon beurre, ce type de nourriture ne manquait pas ici. Mais ce sandwich s’est démarqué par son prix et par le fait qu’on en trouve à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit dans toutes les grandes villes. De plus, la rentabilité de ce produit pour ceux qui le vendent pousse à entrer dans la vente de kebab. Car les ingrédients nécessaires à la fabrication d’un kebab valent environ 85 centimes d’euros. A cela s’ajoute le fait que les points de vente se situent en général dans des quartiers populaires, ne nécessitent qu’une petite superficie et disposent d’une main d’œuvre familiale. Cela a deux résultats économiques : d’une part le chiffre d’affaires annuel d’un kebab bien géré se situe entre 15000 et 20000 euros. En d’autres termes, si le kebab est un business familial disposant d’un emplacement stratégique, les charges sociales sont réduites, ce qui permet à la famille de gagner 3000 à 4000 euros par mois. D’autre part, un kebab peut naturellement être bon marché, puisqu’il est peu coûteux pour le vendeur. Ainsi son prix s’élève en moyenne à  4,86 euros en France aujourd’hui.

Concrètement,  cela a permis aux Français de manger 280 millions de kebab en 2011, ce qui représente plus de 14% des sandwichs consommés dans le pays. C’est un chiffre élevé sachant que 99% des kebabs (points de ventes) sont indépendants. La crise financière a fait perdre quelques clients dans ce domaine, mais en a fait apparaître de nouveaux : la clientèle des restaurations moyenne gamme obligée de se mettre à la restauration rapide.

Le kebab s’imposerait-il au point d’être comparé au hamburger ? Peut-être dans quelques années, mais en attendant il détrône le bacon avec l’apparition de chips goût kebab sur le marché.

Aylin Molva