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REVIEW - Malgré la température qui était très nettement au dessous de zéro, nous étions au Zénith de Paris le 2 février dernier pour un concert évènement. Indochine vient tout juste de souffler les bougies de l'album PARADIZE, leur bouée de sauvetage il y a 10 ans.
Pour tout comprendre, il faut se replacer dans le contexte. Tout commence il y a 30 ans. Trust et Téléphone sont les leaders du rock français et proposent des titres chocs comme “Antisocial” et “Argent trop cher”. Pendant ce temps, une bande de jeunes débarque de nulle part, fleur au fusil et amène une touche d’innocence dans le marasme économique ambiant qu’utilisaient les groupes de punk et de rock de l’époque. C’est le début de l’ère Indochine. Influencé par Marguerite Duras, Nicola Sirkis s’enferme à double tour et écrit tous les morceaux du premier album : L'AVENTURIER. Le groupe composé à l’époque de Dominique Nicolas, Dimitri Bodianski et des frêres Sirkis, enchaîne les tubes et apporte une dose de fraîcheur très second degré et d’inconscience dans le paysage musical hexagonal. Jusqu’en 85. Nicola décide alors de se plonger dans des textes plus osés, plus érotiques. Malgré une rétiscence de la maison de disques après lecture des nouveaux thèmes abordés par le chanteur, l’album “3” est un véritable carton. Les premières fois, l’ambiguïté sexuelle, la perversion… ce disque divise. Icônes pour les gays, “groupe de pédés” pour d’autres, c’est une première épreuve dans le parcours indochinois, pourtant complètement intégrés dans la mouvance new wave qui ravageait les charts britanniques, avec Robert Smith et David Bowie aux physiques androgynes controversés. Fin des années 80 Dimitri quitte le groupe ; l’aventure continue à trois.
Les albums 7000 DANSES et LE BAISER marquent la fin d’une longue période de galère. Trop longue. Malgré des textes plus étoffés, Nicola et sa bande sont placardisés par les médias et traversent les années 90 dans l’ombre, subissant des mouvements d’effectif. Au début des années 2000, Mickey 3D envoie deux chansons. Même si la première ne séduit pas le chanteur, la seconde “J’ai demandé à la lune” emballe de suite Nicola qui décide de l’intégrer au nouvel album prévu pour 2002, PARADIZE. Cette chanson sera le symbole de la résurrection indochinoise. La traversée du désert est terminée. Le groupe revient sur le devant de la scène et les médias réintègrent Indochine dans leur vocabulaire, et pour ses 20 ans la formation fraichement composée remplit Bercy le 3 juin 2003. Une première pour un groupe de rock français. Depuis leur retour, les albums ALICE & JUNE et LA REPUBLIQUE DES METEORS ont connu le succès escompté. Les 6 membres ont assuré deux tournées devant plus de 600000 personnes chacune, avec pour la dernière un finish au Stade de France. Encore une première pour du rock français. Aujourd’hui PARADIZE a dix ans, Indochine en a trente, et à cette double occasion les fans et le groupe se sont retrouvés pour deux concerts exceptionnels les 1er et 2 février dernier. Par chance nous y étions.
Pour ces deux concerts, pas de décors et pas d’écrans géants comme on a pu le voir lors des tournées passées. Nicola, Oli, Marc, Shoes, Boris et Matu entrent sur la chanson “Paradize”, histoire de plonger la foule dans une hystérie totale dès l’entame. S’en suivent presque tous les titres de l’album célébré ce soir pendant une bonne heure : ce n'est que la première moitié du concert. Evidemment “J’ai demandé à la lune” n’est pas oubliée et les 7000 personnes présentes ce soir reprennent en choeur le refrain lorsque le chanteur leur tend le micro. Enfin pour dire vrai, toutes les chansons sont reprises par le public, “Le manoir”, “Dark” ou “Mao boy”, Nicola ne s’étonne même plus de cette indomania retrouvée. Dans la seconde partie de concert les 6 compères optent pour les titres phares du groupe trentenaire. “3 nuits par semaine” et “Alice & June” enflamment des fans déjà comblés. Sur la fin le chanteur annonce alors qu’il reste deux titres non joués de l’album PARADIZE dont “Glory Hole”. Une face B instrumentale beaucoup plus violente que tout ce qu’on trouve habituellement dans l’univers indochinois. Pas d’”Aventurier” ce soir malgré la demande générale, sans doute pour montrer qu’Indochine ne vit plus seulement autour de Bob Morane. A la surprise générale, un titre inédit est joué ce qui donne un avant goût de l'album en préparation, résolulent plus rock que le dernier opus. Pour clôturer cette belle soirée le leader revient sur scène en solo pour jouer “Un singe en hiver”, dernier titre de PARADIZE. Au terme de ces deux soirs il y aura eu 14000 fans aux anges dans un zénith de Paris plein à craquer, et des trentenaires au top avec un anniversaire réussi.