Histoire de Bianca Capello

Bianca Capello ne donnait pas dans la pâleur ni dans la mélancolie. C'était une beauté enfantine avec un visage rond et de grands yeux byzantins qui changeaient d'humeur tout à coup, comme les vagues de la mer, et où il était facile de deviner, sous le calme apparent, des torrents d'énergie et de passion contrôlée.

Je continue ma relecture des nouvelles du magazine ELLE, avec celle-ci, écrite par Jean d'Ormesson, et que j'ai relue l'autre soir, alors que je manquais un peu d'inspiration, et que j'avais envie de quelque chose de court, et d'amoureux...

Nous sommes à Venise. Le narrateur et deux de ses amis, de déjeuner en dîner, s'amusent à se raconter histoires et anecdotes. L'un d'eux commence alors l'histoire de Bianca Capello, au temps où Venise était une République florissante...

C'est un bonheur de lire Jean d'Ormesson. Son talent de conteur, que j'avais découvert avec C'est une chose étrange à la fin que le monde (enfin non, avec cette nouvelle à l'époque de sa parution, mais je ne m'en souvenais plus), fait mouche à chaque fois, et comme il a une voix que je trouve envoûtante, à la lecture j'ai l'impression d'être une petite fille à qui il raconte une histoire avant qu'elle ne s'endorme. L'histoire en elle-même est charmante, il y a de l'amour mais aussi de l'ambition et une certaine dose de cruauté... Il s'agit d'ailleurs d'une histoire vraie dont on trouve une trace chez Stendhal. J'ai vraiment aimé redécouvrir cette histoire, et je vous la conseillerait bien si les nouvelles de ELLE ne se vendaient pas à prix d'or sur le marché de l'occasion...

Histoire de Bianca Capello

Jean D'ORMESSON

HFA, 1998