...C'est fou ce que ce titre a toutes les apparences d'une histoire de fesses...
Mais c'est plutôt de mon cours du mercredi dont je vous jaserai. Une histoire de tempérement.
Dans mes cours, il y a toute une jungle d'élève. Il s'agit de la Faculté de l'Éducation Permanente et les cours sont en soirée de 19 à 22h. La moyenne d'âge des élèves est de 37 ans. Il y a des gens de tout les millieux et de tous les endroits du monde. Beaucoup de la France où les traducteurs sont honteusement sous -payés.
Il y a dans mon cours du mercredi cet ingénieur. Un homme entre 55 et 60 ans. Un grand bonhomme de plus de 6 pieds qui a la voix qui porte. Et le tempéremment du syndicaliste qui se magasine une bataille. La traduction c'est un métier d'interprétation. Les interprétations varient d'une personne à l'autre. La langue française est riche. Il y a de milliers de variations pour une même traduction. L'ingénieur est perpétuellement volontaire pour citer ses traductions ou parler de ses "bêtes noires" à une classe qui en a souvent rien à cirer. Il s'obstine ÉNORMÉMENT avec les enseignants sur une variétés de sujets, même sur des sujets d'actualités et fait ainsi trainer le cours en longueur. Il les dynamise ça c'est certain, mais depuis quelques temps il est aussi dans ses crottes. Ses luttes semblent intestines et il les livre avec rage et frustration. Comme si le métier lui échappait. Comme si les négociations avec la partie patronale achoppaient. Il a même la barbe de Marc Laviolette. Il est essoufflant. Pas méchant. Mais essoufflant. Même les enseignants lui répondent quelques fois dans un soupir.
Mais la gauloise est pire. Je la baptise ainsi car elle est française et a de surdimensionnés seins.
Comme elle n'est pas très grande, sa poitrine arrive tout juste à la hauteur du pupitre et ses gros lolos se posent tous les deux naturellement en premier quand elle s'assoit. Drôle de look. Sa coupe de cheveux n'aide en rien. Elle a une coupe de cheveux "niaiseuse" du type Marie Plourde avec un gros toupet très plat sur le front. Vraiment, elle fait mal à regarder. Ce qui ne serait pas un problème si ce n'était que ça mais voilà, il y a plus. Elle arrive toujours en retard, donc une fois le cours bien entamé. Elle entre, sans discrétion aucune, en lançant un fluté "BONSOIR" coupant l'attention de tous pour qu'on la place sur elle. C'est d'une indélicatesse TOTALE. Puis, une fois les boules posées sur le pupitre elle commence son show.
Elle est EXTRÈMEMENT impliquée dans toutes les facettes du cours. Réagissant à tout, remettant en question toutes les réponses, répondant aux élèves à la place de l'enseignant. Une vraie plaie. Elle ne semble pas du tout se rendre compte qu'on la méprise beaucoup. L'autre soir, une élève remettait en question l'utilisation de "la rue Mont-Royal", elle stipulait qu'il fallait plutôt dire "l'avenue Mont-Royal".
La gauloise est intervenue avec quelques gloussements (elle commente tout), elle doutait de l'affirmation de l'élève. J'éprouvais les mêmes doutes et ai échappé tout bas sans le vouloir "ben non j'ai habité dessus...".
Je croyais que personne ne m'avait entendu mais la gauloise a saisi ma petite phrase comme motivation supplémentaire pour débattre de la chose (zzzz...) m'impliquant même moi quand elle s'est sentie cernée par les autres en me pointant: "Ben lui il a habité dessus!" Arrrrrrrrrrrrrrrrrrrrgh!
Ben j'étais dans l'erreur. Dans l'erreur que je croyais privée mais qui était devenue publique grâce à une hystérique.
Inutile de préciser que je tente de me placer en classe ni près de l'un ni près de l'autre. Toutefois, hier, j'étais placé entre les deux. Elle loin derrière, lui loin devant. Mais ils se répondu pendant toute la classe. J'étais en diagonale par rapport à eux deux. Directement dans la ligne de tir. Si je me penchais pour prendre des notes je cachais l'ingénieur qui s'obstinait avec la gauloise et il me faisait sentir que ça le dérangeait (hey le cave...).
La pause était donc bienvenue et j'en profitai pour me plonger dans mon livre. Aaaaaaaaaaaaaargh, lecture impossible car tout juste devant moi il y avait cette jeune fille, une ado, peut-être 17 ans, qui a enchainé quelque chose comme 21 anecdotes consécutives à une amie. IN-CA-PA-BLE de supporter le silence la fille. Et elle a débité ses anecdotes à une vitesse folle, avec un vocabulaire de fille de 12 ans (genre j't'ais comme, tsé...) et avec un ton de voix INSUPPORTABLE (zêtes tannés de mes majuscules?). Toujours comme sur le point de livrer un punch qui n'arrivait jamais. À un certain moment je l'ai dévisagé comme on regarde du vomi fraichement livré. J'étais fasciné.
Et sincèrement à bout de nerfs.
Sentant des yeux de taxeurs sur sa personne, l'ado s'est finalement retournée et m'a regardé. J'avais probablement le visage très fermé, une barbe de quelques jours, mais je crois que c'est le livre que j'avais entre les mains qui a fait le travail.
Elle m'a paru intimidée, déstabilisée et a cessé sa diahrée verbale.
Je deviens peut-être un peu plus à cran les mercredis soirs.
Voilà pourquoi le pepsky est si bon une fois à la maison.
C'est pas une histoire de fesse, mais ça explique les humeurs de cul.