A boire !

« Le premier de vos gestes de beauté est de boire un grand verre d’eau minérale en vous réveillant. » Ce conseil beauté parut à la une d’un hebdomadaire féminin de renommée est assez perturbant après avoir visionné le documentaire réalisé par le journaliste britannique de la BBC, John Kampfner. Ce reporter explique dans La Mondialisation, quand le FMI fabrique la misère comment un pays disposant d’un potentiel économique important et qualifié d’élève modèle, tel que le Ghana, au moment de la reforme financière – ajustement structurel – du FMI en 1984 se retrouve avec une dette allant jusqu’à 58% de son PIB vingt ans après. La privatisation des services publics majeurs tels que celui de la santé ou le traitement de l’eau accentue d’autant plus les inégalités au sein de cette population. Le système « Cash & Carry » mis en place par le gouvernement ghanéen – qui base l’économie du pays sur l’exploitation de nombreuses mines d’or présentes sur son territoire – consiste à faire payer cash aux habitants les services tels que la distribution d’eau potable dans tous les villages. Ceci n’est pas un cas isolé du continent africain.

Cette fois-ci sur notre continent européen, le chroniqueur de La Planète Bleue sur la radio suisse Couleur 3, Yves Blanc annonce que plusieurs conseillers nationaux souhaitent déposer une motion au Parlement qui interdirait la vente d’eau minérale en bouteille en Suisse, pure affaire de marketing. Selon les conclusions de l’écologiste, l’eau embouteillée coûte de 500 à 1000 fois plus que l’eau du robinet et n’est pas nécessairement de meilleure qualité. Ce genre d’action, à tendance altermondialiste, fait de plus en plus plancher les pays développés sur les besoins vitaux de certaines populations du Tiers-Monde. L’altermondialisme, mouvement récusant les organisations hiérarchiques pyramidales et fonctionnant en réseaux, stimule de plus en plus la conscience des peuples occidentaux. Nous sommes passés du stade où l’on ne jette plus son papier de chewing-gum par terre au trie des déchets ménagers et à une prise des transports en commun plus fréquente. 

Les chiffres du rapport de La Conférence de Paris pour une Gouvernance Ecologique Mondiale publiés en février 2007 sont alarmants. L’ONU estime à 1,6 millions le nombre de personnes qui pourraient être sauvées chaque année avec le changement radical de notre comportement en tant que consommateur et producteur. La consommation d’eau mondiale à augmenté de 30% en 50 ans. Où devons-nous stopper notre épanouissement personnel pour permettre à nos voisins de survivre ? Nos loisirs sont en danger et il n’est pas aisé d’en fixer la limite.

La réflexion doit être imminente si l’on ne veut pas que dans un future proche « le premier de vos gestes de survie est de boire un grand verre d’eau minérale dès que vous en trouverez un » fasse la une de cet hebdomadaire.