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[Critique] ANOTHER HAPPY DAY de Sam Levinson

Par Celine_diane
[Critique] ANOTHER HAPPY DAY de Sam Levinson
Le célèbre "Familles, je vous hais" de Gide a servi de terreau à bien des longs-métrages, les plus réussis se trouvant côté indie à l’image du danois Festen de Thomas Vinterberg ou des américains Rachel se marie de Jonathan Demme et American Beauty de Sam Mendes. Au-delà d’être très cinématographique (comédie, drame, voire film d’horreur : le sujet permet toutes les audaces !), la famille révèle surtout les dessous d’une époque ("la base des sociétés", écrivait Balzac). Lorsque l’on scrute de près le noyau dysfonctionnel de celle dont il est question dans le très cynique (rien qu’au titre) Another Happy Day, on comprend bien des choses. A chaque personnage, un maux moderne. La jeune fille se mutile (subtile Kate Bosworth), l'ado (Ezra Miller, qui ne lasse pas) noie son mal-être dans des mélanges explosifs (alcool, médocs, pétards). La mère, elle, (géniale Ellen Barkin), symbolise une réalité générationnelle, ces femmes seules, délaissées par leurs maris (Thomas Hayden Church) pour d'autres plus tape-à-l’œil (Demi Moore). On y entrevoit aussi, subtilement, les mutations de modes de communication : les plus vieux ne disent rien, les parents ravalent leur colère, les jeunes la retournent contre elle.
Du petit microcosme, réuni à l’occasion d’un mariage, Sam Levinson, fils de Barry (Good Morning Viet Nam, Rain Man), 26 ans et déjà le Prix du meilleur scénario à Sundance, glisse vers l’universel et une autopsie générale de toute la société américaine (voire la société tout court). Plutôt pas mal donc. Aussi, il a su s’entourer : le casting quatre étoiles ainsi que l’agréable bande son (merci Olafur Arnalds) enrobant sa sucrerie acide en sont pour beaucoup dans la réussite du film. En outre, l’écriture, incisive et précise, dissèque avec justesse la psychologie de ces victimes-bourreaux, prises au piège d’un conditionnement aux allures de supercherie. Et, parce qu’il désamorce toute la violence du récit par des éclairs d’humour noir bien sentis, et quelques séquences muettes et en musique, Levinson fils ne perd pas pied au cœur des hystéries.
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