Le saut dans l'éveil

Un lecteur du blog me demande :

"Dans votre livre "s'éveiller à la vacuité" vous écrivez "certains basculeront très vite dans la vacuité ; d'autres mettront plus de temps". Et, plus loin, "l'Ouverture est advenue, c'est à dire que la conscience a d'un coup basculé d'une identification individuelle vers un centre vide et sans forme. La Vision sans observateur s'est révélée".
Je comprends que "voir le vide au-dessus de ses épaules", expérience purement sensorielle (?), n'est pas "basculer dans la vacuité". Cette bascule ne vient qu'avec le temps et la pratique de la vision sans tête. Elle semble se caractériser par une qualité de vécu nouvelle, une manière différente d'appréhender la réalité (je pense à la sensation de jambe que vous évoquiez dans votre réponse du 1er février).
Pouvez-vous me confirmer qu'il y a bien deux choses différentes, "voir" et "basculer", la seconde étant le fruit de l'exercice répété de la première ?
Merci."

C'est une question difficile parce que tous les cas sont différents, semble-t-il.

J'appelle "basculer dans la vacuité" la réalisation, la compréhension du plus profond de son être de la vacuité. C'est comme si on enlevait le tapis de dessous le moi. En plein milieu de votre vie, un espace sans limite s'est installé, définitivement.

Mais, il est vrai qu'on peut voir cet espace, cette vacuité, dans un stage avec les outils de Douglas Harding par exemple (ou avec d'autres enseignements), et continuer sa vie comme avant. Parfois, les gens demandent  :"D'accord, c'est vide au-dessus des épaules, mais et alors?"

Dans ce cas, la pratique ou la compréhension doit se poursuivre jusqu'à ce que le vide devienne évident, une certitude!

Mais en même temps, il ne faut rien attendre, parce que c'est déjà ici n'est-ce pas? Nous sommes déjà parfaitement éveillé. Il suffit de regarder CE qui regarde.

Je crois que lorsque nous en avons vraiment assez de vivre à partir des limites de l'individualité, nous "sautons" dans le grand vide.

Et c'est un saut que personne n'accomplit.

AMITIES

josé