Dans le Père Goriot, de Balzac, que j’ai relu avec plaisir, le mari de l’une des filles de Goriot s’appelle le baron de Nucingen, et il fait partie de ces personnages qui reviennent régulièrement dans « la Comédie humaine ». Comme tous les maris chez Balzac, il délaisse sa femme, la jolie Delphine que convoite l’inexpérimenté et fougueux Eugène de Rastignac. Il la délaisse au point de demander instamment au jeune homme d’accompagner son épouse à l’opéra. Cela lui éviterait en effet ce « désagrément », lui qui s’ennuie dans ce genre d’endroit...
Cette goujaterie me ramène en mémoire une anecdote plaisante vécue en Sicile avec l’un de nos amis italiens qui nous expliquait que l’épouse de Salvatore, la belle et élégante Marinella, sortait certaines fois avec un ami qui l’amenait (en tout bien tout honneur !) dans des endroits que le mari exécrait, concerts, expositions, musées, théâtres, librairies...
La chose est courante paraît-il en Italie ; on appelle ce type de compagnon « il sigisbeo ». Le mot existe en français n’est-ce pas ? Mais combien de gens en connaissent encore le sens ? Il faut dire que l’usage s’est perdu ! A moins que ? Si quelqu’un a rencontré un vrai, un pur, un authentique Sigisbée, qu’il me le confie pour l’amour des mots !