Magazine Cinéma
dimanche 12 février 2012
J’hésite beaucoup en écrivant sur ce film. Est-ce seulement un animal de cirque ou au-delà de cela comporte-t-il une certaine valeur ? Côté animal de cirque c’est bien évidemment la prouesse de réaliser un film en un seul plan séquence. Et ici, ce n’est pas comme « La corde » d’Hitchcock où il y a un changement de plan grâce à un gros plan dans le dos uni des acteurs. J’aime beaucoup les plan séquence, Tarkovski et Angelopoulos ont excellé dans ce style, Sokurov pousse selon moi la virtuosité un peu trop loin, notamment au début du film où les plans sont beaucoup trop serrés à mon goût, le plan devient alors très artificiel. Puis, le cinéaste libère un peu l’espace et excelle vraiment dans les deux séquences finales : le bal, très approprié pour un long plan, où la caméra virevolte au milieu des danseurs puis la sortie du bal et la caméra qui recule parmi la foule, là, c’est du grand art.
Côté sujet, c’est assez décousu, le cinéaste nous présente trois siècles d’histoire russe à travers quelques unes des scènes de la vie quotidienne, ce n’est pas forcément très facile de suivre pour quelqu’un comme moi qui ne connaît pas vraiment l’histoire russe mise à part celle du 20ème siècle. Mais il y a surtout le parcours dans les salles du musée de l’Ermitage qui donne vraiment envie d’aller y errer un jour.
Enfin, la manière de présenter la succession de l’action à travers le discours de la caméra et d’un diplomate français parcourant tout comme les personnages des « Chasseurs » d’Angelopoulos est amusante et bien faite.
Alors, fallait-il absolument réaliser ce film en un seul plan ? De mon côté, je n’en suis pas si sûr, je l’aurai vu quoiqu’il arrive. Pour moi, c’est plus un argument commercial qu’artistique.