Un match de rugby international est une communion, un moment de fête et de partage entre des personnes de tous horizons. Le France-Irlande de samedi ne devait pas déroger à la règle et WTFRU avait prévu de se joindre à la fête ! Retour sur une soirée galère, supporter c’est vraiment du sport.
Les Pubs parisiens avaient des accents irlandais samedi après-midi, l’alcool comme seul moyen de se réchauffer. La ferveur, un taux d’alcoolémie élevé, aucun doute le match s’annonçait bien. On ne croisait pas que des hommes en vert en cette froide après-midi d’hiver, beaucoup de maillots bleus trainaient dans la capitale laissant dans leur foulée une nuée de chants et d’encouragements. Beaucoup sont des habitués qui une fois par an quitte leur province pour monter soutenir le XV tricolore à la capitale. Le petit séjour est l’occasion de se la coller sans que les épouses fassent chier, mais avant tout de voir du bon rugby.
Il y’a des soirs où rien ne va, l’approche du Stade de France est toujours un moment périlleux. Ce samedi il semblait que la mission relevait presque de l’impossible. Toute la France du rugby est plus ou moins à Paris, le problème c’est que cette France du rugby est quelque fois saoule sur les quais de métro. Il en faut de la volonté pour s’insérer dans une rame remplie de basques venus avec jambons et trancheuses. Quelques douches à la bière, quelques chansons de Michel Sardou et nous voilà à l’enceinte dionysienne.
-5 au thermomètre on n’est encore pas au stade de se demander si le match va avoir lieu mais plutôt de savoir si tous nos doigts seront intacts à la fin de la rencontre. Au moment de l’échauffement on a vu une équipe de France appliquée, très sure au niveau des enchainements. Cette équipe semble en confiance et cela se ressent. On a bien vu les entraineurs et l’arbitre scruter le terrain mais rien d’extraordinaire en pareille situation. Quelques minutes avant le début du match le speaker du SDF Marc Maury évoque un possible report, et puis silence radio pendant 10 minutes. Au final une représentante du comité des 6 nations (appelée affectueusement « la grosse pute » par bon nombre de supporters) vient annoncer le report. Le message du capitaine Dusautoir au public n’y fera rien le mal est fait.
La bureaucratie rugbystique frappe encore
On ne sait pas qui est responsable de ce fiasco, on n’en a que faire à vrai dire. Dans l’imaginaire international les responsables sont les pontes de la Fédération française. Ils ont clairement une part de responsabilité et remercions les pour l’image de sérieux et de rigueur qu’ils ont une nouvelle fois lié à la France. La France, le seul pays où on organise des matchs de rugby à 21h le soir quand il a fait -5 depuis deux semaines. Il devait sans doute être trop compliqué de venir deux jours avant le match en soirée (et non pas à 19h) pour voir si le terrain était praticable. On a entendu dire que malgré les enjeux économiques c’est l’intérêt des athlètes et du sport qui avait prévalu, joli tissu de conneries en laissant programmé le match à 21h on a tenté jusqu’au bout de sauver les enjeux économiques.
Jamais avide pour donner des conseils au foot, le rugby devrait plutôt se préoccuper de son propre fonctionnement. Beaucoup de matchs de foot sont reportés, décalés des jours à l’avance, le bon sens est universel. Peut être faudra t’il un jour arrêter de se branler sur le fameux état d’esprit rugby des supporters si c’est pour les prendre pour des cons. Des compagnons de galère Irlandais nous ont confié avoir laissé plus de 700 euros dans l’histoire (sans les bières…), un peu cher pour se faire baiser.
A l’heure où tout le petit royaume ovale se déchire pour reprogrammer le match à une date qui conviendrait aux clubs, fédération, télévisions, le supporter apparait de plus en plus comme un pion. Peu importe la date du match le stade sera plein, E-Bay va tourner à plein régime et les places en vente trouveront preneurs. Camarade : Unissons-nous ! L’idéal serait que chaque supporter fasse un grand doigt d’honneur à ce système en ne se rendant pas au stade. On se plait à imaginer la tête des dirigeants en cas de boycott du public. Le rugby ne vit pas grâce à des mecs en loge plus connaisseurs en petit four qu’en lancement en touche. Il est de bonne facture de se déclarer désolé pour ceux qui ont fait le déplacement, on est quand même en droit d’attendre un geste fort en direction du public floué.
Comme 79000 personnes nous sommes remontés, déjà notre demande d’accréditation avait été (étonnamment !!) refusée. Malgré tout, une fois la déception passée beaucoup d’autres matchs ont eu lieu, des bières alignées sur un comptoir le combat a été rugueux, le choc culturel intense et à la fin on aurait vraiment préféré que les Irlandais soient restés à Dublin. L’honneur est (un peu) sauf.