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Les yeux d’Elsa de Louis ARAGON

Par Lecturissime

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♥ ♥ ♥ ♥

« Mon amour n’a qu’un nom c’est la jeune espérance » (Elsa-Valse)

L’auteur :

Après une brillante scolarité, Louis Aragon entame des études de médecine. Incorporé en 1917, il part pour le front où il rencontre André Breton. La guerre finie, il se consacre avec une énergie décuplée à l'écriture et publie 'Feu de joie', 'Mouvement perpétuel', ou encore 'Anicet ou le panorama'. Il participe à la création du mouvement artistique Dada, puis à la naissance du surréalisme qu'il théorise dans 'Une vague de rêve'. Sa notoriété ne cesse de s'accroître notamment avec 'Le Paysan de Paris'. En 1928, il rencontre Elsa Triolet : c'est le début d'un mythe largement mis en scène par ses protagonistes. Inscrit au Parti communiste dès 1927, Aragon s'engage dans la lutte politique et rompt définitivement avec Breton et les surréalistes. Journaliste à L' Humanité, il entame une nouvelle carrière de romancier avec le cycle romanesque 'Le Monde réel' (' Les Voyageurs de l'Impériale', 'Aurélien' ou encore 'Les Communistes'). Pendant la Seconde Guerre mondiale, Aragon devient l'un des poètes de la Résistance, célébrant l'amour absolu et l'action politique. Après la guerre, il fonde le Comité national des écrivains avec Jean Paulhan. Combats politiques et publications (' Le Fou d'Elsa') rythment la fin de sa vie. Se clamant 'réaliste socialiste', il prône l'avènement du communisme. Les dénonciations des atrocités commises sous le régime stalinien et la mort de sa compagne le désarçonnent mais n'altèrent en rien son credo : assimiler l'écriture à une quête de soi.


Présentation de l'éditeur :

A la gloire de la femme aimée, Aragon, le dernier poète courtois, a composé ses plus merveilleux poèmes " Ma place de l'étoile, à moi, est dans mon cœur, et si vous voulez connaître le nom de l'étoile, mes poèmes suffisamment le livrent. " Pétrarque a chanté Laure, Ronsard Hélène, Lamartine, Elvire, c'est à Elsa qu'Aragon donne ses poèmes qui sont au nombre des plus beaux chants d'amour qu'un poète ait écrits. La présente édition intègre la préface que Louis Aragon rédigea en février 1942, ainsi que trois textes en prose particulièrement éclairants " La leçon de Ribérac ", " La rime en 1940 " et " Sur une définition de la poésie ". Les Yeux d’Elsa est l'une des œuvres majeures de la poésie française.


Ce que j’ai aimé :


Aragon nous offre une poésie de l’engagement, pour lui il n'existe pas de dichotomie entre aimer et se battre : aimer Elsa c’est s’engager, libérer le pays des occupants ennemis.

Les yeux d'Elsa est à la fois un chant d’amour et un chant national « Mon amour n’a qu’un nom / C’est la jeune espérance » (Elsa-Valse)

Ni occupants ni collaborateurs ne pourront dissoudre l’identité nationale contenue dans les chansons populaires, aussi Aragon s'en inspire-t-il pour chanter son amour du pays et faire acte de résistance, il souhaite sauver le passé pour construire l’aveni. 

Chacun de ses poèmes est un long rappel douloureux de la défaite, de l'exode, puis de l'armistice, et de la coupure de la France. Mais si le Mal occupant peut freiner le tourbillon de la vie, la valse continuera malgré tout, Elsa continuera de tourner.

Par ce recueil, Aragon a conçu un pari un peu fou : tenter de susciter l’espoir au moment où l’on touche le fond du désespoir :

« Ils ont la force et nous sommes le nombre

Vous qui souffrez nous nous reconnaissons

On aura beau rendre la nuit plus sombre

Un prisonnier peut faire une chanson. » (Richard Cœur De Lion)

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«  La nuit plus que le jour aurait-elle des charmes
Honte à ceux qu'un ciel pur ne fait pas soupirer
Honte à ceux qu'un enfant tout à coup ne désarme
Honte à ceux qui n'ont pas de larmes
Pour un chant dans la rue une fleur dans les prés
(…)


Que ton poème soit l'espoir qui dit A suivre
Au bas du feuilleton sinistre de nos pas
Que triomphe a voix humaine sur les cuivres
Et donne une raison de vivre
A ceux que tout semblait inviter au trépas
Que ton poème soit dans les lieux sans amour
Où l'on trime où l'on saigne où l'on crève de froid
Comme un air murmuré qui rend les pieds moins lourds
Un café noir au point du jour
Un ami rencontré sur le chemin de croix
Pour qui chanter vraiment en vaudrait-il la peine
Si ce n'est pas pour ceux dont tu rêves souvent
Et dont le souvenir est comme un bruit de chaînes
La nuit s'éveillant dans tes veines
Et qui parle à ton cœur comme au voilier le vent
Tu me dis Si tu veux que je t'aime et je t'aime
Il faut que ce portrait que de moi tu peindras
Ait comme un ver vivant au fond du chrysanthème
Un thème caché dans son thème
Et marie à l'amour le soleil qui viendra »

 (Ce que dit Elsa)

Un magnifique chant d'amour pour Elsa, pour la France, pour la Résistance, contre l'oppression...

Ce que j’ai moins aimé :

 

- Quelquefois un peu hermétique.

Premiers vers :

 

« Tes yeux sont si profonds qu’en me penchant pour boire

J’ai vu tous les soleils y venir se mirer

S’y jeter à mourir tous les désespérés

Tes yeux sont si profonds que j’y perds la mémoire »

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Du même auteur :Le roman inachevé

Autre : les poésies de Paul ELUARD

Les yeux d’Elsa, Louis ARAGON, Seghers, avril 2004, 15 euros


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