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Bonne Saint Valentin !

Par Framboise32

Bonne Saint Valentin !

Jean Racine (1639-1699), Phèdre (1677), acte 1, scène 3

Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue ;
Un trouble s’éleva dans mon âme éperdue ;
Mes yeux ne voyaient plus, je ne pouvais parler ;
Je sentis tout mon corps, et transir et brûler.
Je reconnus Vénus et ses feux redoutables,
D’un sang qu’elle poursuit tourments inévitables.
Par des vœux assidus je crus les détourner :
Je lui bâtis un temple, et pris soin de l’orner ;
De victimes moi-même à toute heure entourée,
Je cherchais dans leurs flancs ma raison égarée.
D’un incurable amour remèdes impuissants !
En vain sur les autels ma main brûlait l’encens :
Quand ma bouche implorait le nom de la déesse,
J’adorais Hippolyte, et le voyant sans cesse,
Même au pied des autels que je faisais fumer.
J’offrais tout à ce dieu, que je n’osais nommer.
Je l’évitais partout. Ô comble de misère !
Mes yeux le retrouvaient dans les traits de son père.
Contre moi-même enfin j’osai me révolter :
J’excitai mon courage à le persécuter.
Pour bannir l’ennemi dont j’étais idolâtre,
J’affectai les chagrins d’une injuste marâtre ;
Je pressai son exil, et mes cris éternels
L’arrachèrent du sein, et des bras paternels.
Je respirais, Œnone. Et depuis son absence,
Mes jours moins agités coulaient dans l’innocence ;
Soumise à mon époux, et cachant mes ennuis,
De son fatal hymen je cultivais les fruits.

——

Phèdre est une tragédie en cinq actes et en vers de Jean Racine créée et représentée pour la première fois le 1er janvier 1677.

À Trézène, en Grèce, à une époque fort lointaine, Phèdre, seconde épouse du roi Thésée, est tombée amoureuse de son beau-fils Hippolyte. Cette passion lui semble si monstrueuse qu’elle se résout à mourir plutôt que d’avouer son amour. Ne pouvant toutefois supporter le chagrin de sa nourrice Œnone, qui la voit dépérir, elle lui confie l’origine du mal qui la consume. Bientôt circule la rumeur de la mort de Thésée, absent depuis de longs mois.

Sa succession au trône ouvre une crise politique. Phèdre consulte Hippolyte ; mais, troublée par la présence du jeune homme, elle finit par lui avouer qu’elle l’aime. Hippolyte s’enfuit, horrifié.

Thésée serait vivant, apprend-on aussitôt après. Phèdre mesure l’horreur de sa situation. Et si Hippolyte venait à parler ? Œnone lui suggère de prendre les devants et d’accuser Hippolyte de tentative de viol. Phèdre s’indigne, puis, accablée, laisse Œnone agir à sa guise.

Celle-ci le dénonce à Thésée dès son retour. Désespoir et fureur de Thésée. Pour preuve de son innocence, Hippolyte lui révèle qu’il aime Aricie. Thésée ne le croit pas. Honteuse et repentante, Phèdre accourt pour lui révéler la vérité. Mais elle apprend par la bouche d’Œnone qu’Hippolyte aime Aricie. Jalouse, elle décide de ne rien dire. Malgré l’intervention d’Aricie, Thésée demande à Neptune de punir son fils.

Le suicide d’Œnone, désespérée de se voir condamnée par Phèdre, le trouble. Trop tard. Un dragon, surgi de la mer sur ordre de Neptune, tue Hippolyte. Phèdre confesse son crime à Thésée et s’empoisonne.

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