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La décadence n’est plus ce qu’elle était…

Publié le 16 février 2012 par Marc Lenot
La décadence n’est plus ce qu’elle était…

Loris Gréaud, A world of absolute relativity

Peut-être devrait-on instaurer un moratoire de cinq ans sur l’utilisation du néon dans l’art contemporain (mais ce serait dommage à la veille de l’inauguration de cette expo). La dernière installation du petit prodige Loris Gréaud chez Yvon Lambert (exposition Décadence jusqu’au 25 février) éblouit et réchauffe, on y baigne dans une lumière impitoyable, on en prend plein les mirettes, l’iris se rétracte, la rétine se brûle, on n’y voit plus rien. Mais qu’y a-t-il à voir ? 20 chaises en plexiglas, deux droites, dix-huit cruellement tordues, toutes dans des sarcophages transparents ; trois viscères (mouton, cheval, serpent, je crois me souvenir) moulés en blanc et apposés au mur, bien aseptisés comme il se doit ; et, à entendre, un sifflement strident. C’est de l’esbroufe, mais une esbroufe majestueuse : on sait qu’on se fait avoir par les manipulations dudit petit

La décadence n’est plus ce qu’elle était…

Francesco Vezzoli, Self-portrait as Selene and Helios

prodige, mais on ne peut pas y être indifférent.

Tout aussi manipulateur, mais dans un registre plus intellectuel et moins troupier (tripier ?) est Francesco Vezzoli : ses autoportraits en buste sur un socle rouge, l’un comme allégorie de la lune et l’autre du soleil, tout empreints de culture antique,

La décadence n’est plus ce qu’elle était…

Francesco Vezzoli, Helios, détail

seraient parfaits de dérision érudite si on lui avait seulement dit comment s’écrit Hélios en lettres grecques (cliquez à gauche et comparez) : comme pour l’«archéologue» assyro-sumérien de l’Espace 315, c'est le détail révélateur du vide qui casse tout.

De Gardar Eine Einarsson, je ne sais trop que penser : je n’y vois rien de très décadent, et la bannière appelant à la justice même si les cieux nous tombent sur la tête serait plutôt encourageante. Heureusement, il y a Douglas Gordon, ses films récupérés et ses photographies détruites, brûlées, transformées en autoportraits au miroir : c’est moins impressionnant qu’à Arles, mais le passage d’une image à l’autre, la progression vers le néant, et le léger rougeoiement de la flamme à l’oeuvre sur l’un des panneaux  apportent ici une autre densité, qui sauve l'exposition.

La décadence n’est plus ce qu’elle était…

Douglas Gordon, Self-portrait of you + me 03

Photos courtoisie de la galerie (excepté Vezzoli 2 de l'auteur). Loris Gréaud et Francesco Vezzoli étant représentés par l'ADAGP, les reproductions de leurs oeuvres seront ôtées du blog au bout d'un mois.


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