Poezibao a publié hier une note de lecture d’Antoine Emaz sur le livre Visage Vive de Matthieu Gosztola.
Murmure
Comme s’il le prononçait mais il
N’a pas besoin d’être prononcé
Pour mordre le cœur comme
Quelque chose
Qui vient et qui repart aussitôt
Je retrouve malgré tout le
Chemin jusqu’à son visage de lui
Dans les jours de l’été qui
S’émancipent des chemins
Il faisait un froid terrible
Dans le visage
De cet enfant-là
Courant pour rejoindre ce qui
Pouvait être rejoint là-bas
Très bas-là-bas dans sa tête
Courant dans sa tête
S’emmêlant les pieds dans les
Pensées automatiques
Personne n’est venu à
l’enterrement
Ni les fleurs de la petite Ida
Ni la petite sirène
Ni le soldat de plomb
Pourtant vaillant
Ni la reine des neiges
Ni le vilain petit canard
Ni la bergère ni le ramoneur
Ni l’ombre
Ni la petite fille qui marche « ainsi
Ses petits pieds nus tout rougis
et bleuis par le froid »
Ni rien
Il y a eu un silence aux mille
fleurs mais le visage est une belle
Chose
À prendre dans les pensées du
Matin du midi du soir
De la nuit quand elle se trouve
Être
Matthieu Gosztola, Visage vive, Gros Textes, 2011, pp. 5 à 7
Matthieu Gosztola dans Poezibao :
bio-bibliographie, Sur la musicalité du vide, 2 (parution), ext. 1, « Ecrire un recueil de poèmes à propos d’un génocide, cela a-t-il un sens ? », Débris de tuer