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"Les fantômes de Belfast" de Stuart Neville

Par Sijetaisdeboutsurmatete
Sélection du Grand prix des lectrices de ELLE 2012

S’il fallait retenir une morale de l’histoire que raconte Stuart Neville dans « Les fantômes de Belfast », ce serait que tout se paye un jour ou l’autre, même tardivement. Ici, cette revanche de la vie hésite entre réalisme de la violence et angoisse du fantastique.

Gerry Fegan est un ancien tueur à la solde de l’IRA. Pour ces crimes, il a payé des années de prison et ses compères lui sont reconnaissants de son action et lui assurent un travail. Il pourrait donc vivre paisiblement maintenant qu’un accord a été signé entre Irlandais du Nord et Britanniques. Seulement, les fantômes de ceux qu’il a tués, injustement, se rappellent à lui et ne lui laissent aucun instant de répit.

Métaphore de la mauvaise conscience, ils réclament la mort des commanditaires de leur meurtre à Gerry Fegan. Las de tuer, il sera pourtant obligé d’éliminer ses anciens camarades, pour certains devenus responsables politiques, pour racheter ces fautes. Stuart Neville dessine une vengeance que rien ne saurait arrêter, pas même une belle rencontre avec une femme, pas même l’innocence d’une enfant : c’est un sombre tableau.

L’histoire reste cependant un peu répétitive et on imagine vite la tournure que prendront les événements quand les chapitres soustraient au fur et à mesure des meurtres accomplis le nombre de vengeances qu’il reste à effectuer. On persiste quand même jusqu’à la fin en souhaitant que Gerry Fegan gagne un peu de repos et même de chaleur humaine après cette vie de misère. Mais il n’en sera rien car lui aussi, finalement, paye ses actes dont il reste l’auteur même s’il ne fut que le bras armé de cette guerre.

Un sombre tableau également car l’auteur décrit les manœuvres et la violence politiques qui restent les rouages d’une région qui est pourtant censée connaître la paix aujourd’hui, une manière de dire, aussi que l’Histoire prend le temps de panser ces plaies et qu’un simple accord ne suffit pas à oublier les dizaines d’années de guerre et de pauvreté.

"Les fantômes de Belfast" Stuart Neville, Rivages


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