Fantasia

La critique symphonique de Borat

Walt Disney était un professionnel du défi cinématographique. Il fut le premier à produire le premier long-métrage après avoir crée une galerie de personnages incontournables du cartoon (soit Mickey, Dingo, Donald, Pluto...).
Depuis Blanche Neige et les sept nains, Disney envisage de produire un film quasiment muet et dont le seul son serait la musique.
Disney est ambitieux et donne la place à Leopold Stokowski pour orchestrer le tout. Le film sera alors composé de sept court-métrages.
Le cinéaste prévoit également de donner lieu à une expérience de haute volée dans les cinémas avec une véritable explosion du son alors en pleine expension depuis une dizaine d'années. De plus, il s'agit du tout premier film à sketchs des studios, chose qui sera reprise plus d'une fois durant les années 40 car économiquement fiable. On citera par exemple Mélodie cocktail ou Coquin de printemps.

Le dernier sera bien évidemment la séquelle de Fantasia, Fantasia 2000 précédé par Les aventures de Winnie l'ourson dans les années 70.
Sorti en 1940 (soit la même année que Pinocchio), Fantasia fera un four total et Disney aura bien du mal à ne pas virer du monde.
De plus, la guerre prive le film des écrans européens. Mais petit à petit, le film gagnera en reconnaissance au fil des années et sera considéré comme un grand classique. Néanmoins, les studios mettront bien du mal à le sortir correctement en vidéo.
Disponible dans les années 80 lors de l'avénement de la VHS, il faudra attendre 2000 pour le voir débarquer dans un nouveau format et pour très peu de temps.
Si bien que pendant une décennie, les cinéphiles desespéraient de le revoir surtout que Fantasia est pour dire une oeuvre rare à posséder et extrêmement chère même sur les sites de ventes en ligne.

Je me souviens que certains prix avoisinaient les 90 euros! Le Blu Ray de 2010 donnera satisfaction à tout le monde, l'édition étant très facilement disponible.
L'honneur est sauf ! Disney a eu d'ailleurs la bonne idée de mettre des bordures animées pour compenser le format du film (ne vous étonnez pas que votre télé montre le film en 4:3, c'est normal!). Une manière comme une autre de ne pas mettre des bandes noires qui n'auraient pas fait terrible.
A vrai dire, si ceux qui n'ont pas vu ce film connaissent Fantasia c'est en grande partie grâce au court-métrage L'apprenti sorcier.
Il s'agit du premier court fait pour ce film et le plus marquant également. Le héros n'est autre qu'un certain Mickey Mouse.
Soucieux que Mickey perd peu à peu de fréquence, Disney décide de lui donner certainement son rôle le plus marquant.

Il incarne l'apprenti du sorcier Yensid provoquant par le simple vol du chapeau du maître un bordel sans nom, où des ballets ne cessent de mettre de l'eau dans un puit. Un résultat redoutable complété par la puissance du BR.
Néanmoins, ce dernier montre à bien des passages que Fantasia a pris un coup de vieux avec une animation parfois hésitante.
Mais à vrai dire, ça n'empêche pas d'apprécier le film pour ce qu'il est, à savoir une expérience de première comme en voit rarement au cinéma. L'autre séquence culte ou pour le moins la plus connue est le ballet avec les animaux.
Les autruches, les éléphantes et surtout les hypopotames dansent jusqu'à l'arrivée des crocodiles. Superbe. Une autre marquante est celle de la naissance du monde. Une véritable beauté visuelle où se cotoient Big Bang, amphibiens et dinosaures.

La mort de ces derniers est sans complaisance: ils meurent un par un sous le cagnard, enlisés dans de la boue.
Puis vient l'explosion territoriale, véritable explosion de son. Pas de doute, si vous êtes bien équipé (pour cela, je veux dire écran HD avec lecteur BR et câble HDMI), Fantasia est un véritable bonheur.
Même si vous n'êtes pas fan de musique classique, il vous arrivera probablement d'aimer ce film néanmoins spécial il faut bien l'avouer.
Ce n'est pas à la portée de tous d'aimer Fantasia. Je dois même avouer que lors de sa première vision (en VHS enregistrée et non de moi), je n'étais pas bien préparé. Mais maintenant j'apprécie vraiment ce film pour ce qu'il est, à savoir une prise de risque totale mais géniale dans une carrière en balbutiement.
Les autres sketches sont moins forts mais reste tout de même intéressants.

C'est le cas du sketch servant de plateau d'argent à Casse Noisette. Ce court ne raconte à vrai dire rien mais sa folie est fascinante.
On y voit des fées éveillant des fleurs mais aussi des champignons, les faisant ainsi dansés toutes sortes de danses. Je pense notamment aux passages chinois et russe qui sont fantastiques. Celui avec Pégase et les anges m'a beaucoup moins passionné. Il s'agit peut être du moins intéressant des courts.
En tous cas, c'est mon opinion. Le dernier s'avère assez étrange de part son contenu. On suit le célèbre Chernobog dans une cérémonie macabre où se cotoient les morts. La suite est plus optimiste menant à la beauté d'une forêt, symbolisant la vie. Pour ceux qui s'inquiètent des 2h04 de bobines qu'ils ne s'inquiètent pas.
Chaque séquence est ponctué d'un entracte où un musicien présente la suivante. Sans compter un entracte de quinze minutes évidemment raccourci au montage.

Walt Disney disait "Fantasia est la plus passionnante de nos aventures". Il avait raison.

Note: 18/20