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John Zorn - "At The Gates Of Paradise" 2011 Tzadik

Publié le 17 février 2012 par Audiocity

Le problème avec les artistes doués et inventifs de la trempe de John Zorn, c'est qu'ils mettent la barre tellement haute que notre échelle des valeurs en est reconsidérée. Je ne vais pas vous refaire l'article à propos de la qualité des nombreuses productions de ce compositeur et musicien américain. Il est une institution à lui tout seul couplé à un vrai maniaque de la diversification artistique depuis près de 40 ans (ici la liste interminable de ses oeuvres sur Wikipedia), capable par exemple de prévoir un an à l'avance sur quoi il planchera l'année suivante et combien d'albums seront réalisés dans ce laps de temps (c'est le cas pour 2012 avec déjà pas moins de 3 sorties prévues). Autant dire qu'il n'y a donc aucune raison de le voir s'arrêter en si bon chemin, avec comme toujours dans mon cas l'occasion d'en prendre ou d'en laisser. S'agissant de ce nouvel album au titre si prometteur, "At The Gates Of Paradise", John Zorn a fait appel à des anciens compagnons de route et s'est inspiré de l'oeuvre littéraire et poétique de William Blake, ainsi que des doctrines du Gnosticisme retranscrites sous forme de treize codex dans la bibliothèque de Nag Hammadi (sacré programme, c'est le cas de le dire). D'un point de vue purement prévisionnel, comprenez également romantisme et mysticisme, 2 piliers fondamentaux dans l'oeuvre de Zorn.

Pour la musicalité et la mise en son de ce "concept" d'érudit, rien à craindre: John Medeski au piano, Kenny Wollesen au vibraphone, Trevor Dunn à la basse, Joey Barron à la batterie, le tout conduit, arrangé, et composé par Mr Zorn. Sur le papier, rien à dire. Que du grand professionnel. Même la pochette est somptueuse (forcément du Blake). Reste maintenant à écouter, et pour en revenir à l'échelle des valeurs dont je vous parlais au début, "At The Gates Of Paradise" me semble idéal. Il illustre bien dans quelles dispositions je suis lorsque j' achète un tel disque. La promesse de ne pas être déçu me paraît si évidente que je vais jusqu'à conditionner mon propre jugement en prévoyant par anticipation un nouveau Chef-d'Oeuvre du genre. Finalement, n'importe quel anonyme qui ne connaitrait rien de la carrière de John Zorn vous dirait que l'album est magnifique (je vous parle d'un anonyme mélomane), et il aurait raison, sans aucun doute. C'est quand on sait à qui l'on a à faire que tout cela devient plus compliqué. Alors oui, on perd de notre sincérité. Alors oui, nos valeurs en sont reconsidérées. C'est seulement là qu'on s'autorise à repérer les failles subtiles que l'on négligerait chez d'autres, comme la facilité d'une interprétation ou d'une pièce ("Song Of Innocence", trop romantique pour moi), le manque d'originalité d'une composition ("The Eternals", ou le trop long "Liber XV"), alors qu'au fond on sait pertinemment qu'il n'y a rien de "mauvais" à relever si ce n'est ces quelques détails de chieur-né (je le revendique), détails qui restent néanmoins sans grande importance sur la longueur. Car il y a aussi les magnifiques "Dance Of Albion", "A Dream Of Nine Nights", "The Aeons", le masadien "Song Of Experience", ou encore le très mystique "Light Forms", et rien que pour ça, "At The Gates Of Paradise" mérite l'appellation "grand disque". Tout frais tout beau, voici l'un de mes plus beaux disques de ce début d'année, que j'aurais seulement aimé encore plus long (48 minutes).

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