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Livre : Reprenous-nous ! - Jean-Paul Delevoye

Par Plumesolidaire

 

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« Delevoye Président ! » écrivait l’hebdomadaire Marianne à la lecture de son rapport de Médiateur de la République.

Le moteur à exclusion tourne à plein.  La crise frappe et les hommes politiques sont à côté de la plaque. Nous ne pouvons plus continuer comme cela. Avec ce diagnostic sans complaisance, étayé par les milliers de dossiers qu’il a eu à traiter pendant sept ans comme Médiateur de la République, Jean-Paul Delevoye a fait irruption dans le débat public.

Au moment où les Français vont devoir choisir le futur président de la République, un changement s’impose. Mais pour changer, il faut comprendre. Ce livre explique comment et pourquoi nous en sommes arrivés là.

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"Reprenons-nous !", de Jean-Paul Delevoye : une "démocratie d'émotions"

Le Monde du 18 janvier 2012

Intrépide et passionné médiateur de la République, fonction qu'il a dû quitter en mars 2011, Jean-Paul Delevoye s'est singularisé en soulignant le burn-out, cet "état d'épuisement général non seulement physique, mais psychique, émotionnel, mental" de la société française. Aujourd'hui président du Conseil économique, social et environnemental (CESE), où son management n'est pas à l'abri de critiques en interne, le maire de Bapaume (Pas-de-Calais) récidive et lance, en pleine campagne présidentielle, un vibrant et courageux appel à une révolution civique et "mentale" des citoyens et des responsables politiques.

L'essai est revigorant. Le diagnostic est sans fioritures : "La France va mal. Les Français souffrent. (...) Tout cela dessine une société française à la limite de la rupture. Au bord de la crise de nerfs. Avec nombre de gens disponibles pour les marchands d'illusions de tout acabit."


M. Delevoye pointe la montée et la banalisation de la violence et de ce qu'il appelle "le racisme d'assiette" : "On défend son "bout de gras''. On a peur que l'autre vienne se servir dans le plat qui est à portée. On ne veut plus partager". Il décrit cette "France des invisibles", "ceux qui s'effacent dans la grisaille et glissent dans l'obscurité, tenaillés par la peur de l'accident, du déclassement".


M. Delevoye s'inquiète de voir qu'on est en train d'oublier "les idéaux de la Résistance" dans cette "République consommable", où les désirs ont pris le pas sur les besoins, victime d'une "archipélisation" de la société "en une multitude de blocs qui défendent chacun leurs visions, leurs intérêts, leurs objectifs, en ayant perdu de vue le collectif plus large que nous constituons tous ensemble". Il s'alarme du peu de cas que l'on fait de la mission de réinsertion de la prison, avec "l'illusion que tous les récidivistes potentiels pourraient être tenus, ad vitam aeternam, derrière les murs", du mal-logement ou de l'école, "machine à exclure".

Le lecteur aura rapidement compris que l'ancien ministre de Jacques Chirac n'est pas un proche de Nicolas Sarkozy, cité une seule fois, même s'il salue l'autonomie des universités -"une révolution culturelle". Pour M. Delevoye, "l'empire de la consommation" génère une "mécanique de la frustration et du fantasme" d'où émerge "une démocratie d'émotions", dominées par la peur. Il dénonce l'inflation législative : "Nous multiplions les lois de "réaction''. Un problème, une loi. Un conflit social, une loi. Un fait divers particulièrement odieux, une loi. (...) Peu importe s'il existe déjà dans le code les outils nécessaires qu'il suffirait de réactiver et de revisiter pour faire face."


De ces constats, M. Delevoye tire une morale : "Les valeurs doivent l'emporter sur le calcul. Les causes sur les intérêts. Or la première des valeurs républicaines, c'est le respect des citoyens." Pour "refonder le pacte républicain", il plaide pour "un débat apaisé, affranchi des exigences tactiques du combat politique", voyant dans le CESE, la troisième Assemblée de la République, un lieu adéquat où on peut "prendre soin de l'intérêt général sans être l'otage des protagonistes du jeu politique".

La réinvention du débat démocratique, où on se garde d'"agiter des chiffons rouges", doit, à ses yeux, "aider la société à croire en elle-même et à ses capacités d'adaptation". Un manuel de pédagogie des réformes à conseiller à tous les candidats.


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