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Par Borokoff

A propos de La désintégration de Philippe Faucon 3 out of 5 stars

Rashid Debbouze - La désintégration de Philippe Faucon - Borokoff / Blog de critique cinéma

Rashid Debbouze

Dans la banlieue de Lille, Ali, la vingtaine, doit valider son diplôme de fin d’études supérieur par un stage en entreprise. Mais malgré ses innombrables envois de curriculums vitae, il ne trouve rien. Il rencontre alors Djamel, qui a dix ans de plus, et va peu à peu l’endoctriner, lui et deux autres jeunes, pour en faire des soldats jihadistes conditionnés pour de se faire sauter contre les murs de l’OTAN à Bruxelles…

Voilà sans doute le meilleur film de la semaine et la plus belle réponse aux déclarations idiotes et provocantes d’un Ministre (pas de la culture, heureusement) qui déclarait il y a peu que « toutes les civilisations ne se valent pas » (ne confondait-il pas civilisation avec société ou régime politique ?), sous-entendant que la civilisation occidentale (ndlr = société française dans sa bouche) valait mieux que les autres.

Pas sûr que La désintégration lui donne raison sur ce coup-là. Car le film de Philippe Faucon, malgré des longueurs et des dialogues qui souffrent d’un certain manque de naturel et d’un didactisme inversement proportionnel au discours de propagande de Djamel, est une œuvre toute en finesse et en nuances. Un long-métrage qui a su, alors qu’ils lui tendaient les bras, éviter les écueils et les nombreux clichés inhérents à son sujet.

La désintégration décrit de manière précise, presque clinique le parcours « ordinaire » d’un jeune Français qui, parce qu’il voit les portes de la société se fermer une à une (à cause de son nom et des origines marocaines de ses parents), trouve refuge dans la prière et la religion avant de tomber dans l’obscurantisme et le fanatisme religieux.

Rashid Debbouze - La désintégration de Philippe Faucon - Borokoff / Blog de critique cinéma

Ali est un jeune frustré et qui s’aigrit à vue d’œil. Djamel, son ainé, qui a grandi dans la même cité, a tout de suite compris ses failles et qu’il ne trouverait pas de stage. Il en profite pour le manipuler, le caresser dans le sens du poil avant de lui faire croire à une mission sainte qui lui serait assignée sur Terre par le Tout-puissant. Cette mission : devenir une bombe humaine et faire payer les Occidentaux pour tout, de son propre échec d’intégration à leur implication dans les morts de civils en Afghanistan ou leur complicité avec le régime d’Israël à Gaza.

Crédule et désemparé, docile et malléable, Ali le croit, qui se transforme peu à peu et malgré lui en terroriste islamiste.

Tout cela, malgré l’énormité de la situation, malgré l’absence de rémission possible, de retour en arrière, on y croit.

Parce qu’Ali (très bon Rashid Debbouze, frère de Djamel, tout en nonchalance et en décontraction et un peu à la Tahar Rahim) n’est rien d’autre que le fruit d’une société pourrie comme l’époque et la cité où il vit. Une société « prête à exploser ».

La désintégration exagère à peine la situation actuelle. Ce qu’il décrit à travers un jeune en colère et « à bout de nerfs » n’est pas une légende mais la triste réalité d’une société française figée dans un racisme à peine latent mais surtout d’un archaïsme pour le moins étonnant dans un pays (pardon, une civilisation) « évolué(e) » comme la France.

On sait bien que la couleur de la peau, le nom ou l’origine des parents sont encore très discriminants en France. Comme si on vivait à une autre époque. En la matière, les Anglais sont à des années Lumière devant nous, eux qui n’ont pas besoin d’un Harry Roselmack pour se justifier et prouver leur bonne foi au journal télé.

Et donc si, n’en déplaise à Monsieur Guéant, la France est bien raciste, et la discrimination, lors des entretiens d’embauche, tout sauf un mythe.

De là, à en arriver à l’idée de faire sauter l’Otan, il y a peut-être un pas à franchir. Mais pas un pas de g(u)éant…

http://www.youtube.com/watch?v=qUuaUtY1NoA

Film français de Philippe Faucon avec Rashid Debbouze, Yassine Azzouz, Mohamed Nachit… (01 h 15).

Scénario d’Eric Nebot : 3 out of 5 stars

Mise en scène : 3 out of 5 stars

Acteurs : 3.5 out of 5 stars

Dialogues : 2 out of 5 stars

Compositions : 2.5 out of 5 stars


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