Les tours de centrales nucléaires qui s'effondrent, des éoliennes qui surgissent : voici le film de la campagne "Dump the big six" d'Ecotricity, une entreprise anglaise de production d'énergie renouvelable. Une fois n'est pas coutume, je relaie ce film dont le sens me paraît intéressant.
Ce film, diffusé en février 2012, découvert ce matin grâce à un tweet de Denis Cosnard, journaliste aux Echos, est intéressant à plusieurs titres
En premier lieu, à lire la page du site web d'Ecotricity consacrée à cette campagne, ce film n'a pas pour vocation première de contribuer à la lutte antinucléaire. La signature de la campagne "Dump The Big Six" signifie que le but recherché est une plus grande ouverture du marché britannique de l'électricité, pour l'heure contrôlé, selon l'annonceur, par six grands opérateurs, dont un français.
Ce qui est donc intéressant tient à ce que le nucléaire est ici représenté comme le symbole d'une ouverture suffisante du marché de l'électricité. Le nucléaire est ici le représentant d'une économie administrée, concentrée et centralisée, laissant peu de places aux producteurs alternatifs.
En second lieu, ce film, réalisé dans un contexte post fukushima, ne joue pourtant pas sur le registre de la peur et de la catastrophe. Le nucléaire n'y est pas représenté comme effrayant. Au contraire puisque les tours sont grimées en personnages plutôt débonnaires. Plutôt que de dénoncer directement les risques d'accidents, le film représente le nucléaire comme vieux et inutile. C'est bien vu. Le nucléaire appartient au passé et la démolition des tours fait ici penser à celle de ces grands ensembles immobiliers périphériques, devenus obsolètes.
L'entreprise pour qui a été tourné ce film publicitaire a donc réussi à se différencier d'une ONG anti nucléaire tout en portant un discours spécifique sur le nucléairen en lien avec la problématique de l'accès au marché et de la défense du consommateur. Dans le même temps, elle a le courage de ne pas éluder un sujet crucial : l'atome dont le grand public peut découvrir ici un nouvel inconvénient.