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Sherlock Holmes : Jeu d'ombres - Guy Ritchie

Publié le 20 février 2012 par Filipa

Sherlock Holmes : Jeu d'ombres
Réalisé par : Guy Ritchie
Avec : Robert Downey Jr., Jude Law, Stephen Fry, Noomi Rapace, Kelly Reilly, Jared Harris...

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Résumé : Sherlock Holmes a toujours été réputé pour être l'homme à l'esprit le plus affûté de son époque. Jusqu'au jour où le redoutable professeur James Moriarty, criminel d'une puissance intellectuelle comparable à celle du célèbre détective, fait son entrée en scène… Il a même sans doute un net avantage sur Holmes car il met non seulement son intelligence au service de noirs desseins, mais il est totalement dépourvu de sens moral. Partout dans le monde, la presse s'enflamme : on apprend ainsi qu'en Inde un magnat du coton est ruiné par un scandale, ou qu'en Chine un trafiquant d'opium est décédé, en apparence, d'une overdose, ou encore que des attentats se sont produits à Strasbourg et à Vienne et qu'aux Etats-Unis, un baron de l'acier vient de mourir…

Autant j'avais adoré le premier film autant j'ai bien aimé ce second volet.

Le problème majeur : son intrigue. Ou devrais-je dire son manque d'intrigue. Pour ce Jeu d'ombres, Guy Ritchie a décidé lui aussi de prendre pour source la nouvelle Le Dernier Problème du canon holmesien. Donc présentation officielle de Moriarty comme "Napoléon du crime" et par extension grand méchant à vaincre. Ce qui est à l'origine une courte nouvelle doit tenir 2h et des poussières, aussi on rajoute à cela une histoire de gitans, de chirurgie plastique, les préparatifs de la 1ère guerre mondiale et un projet d'assassinat. Sans oublier un Very Bad Trip 3, des costumes de camouflage, une promenade à dos de poney, un voyage en train, un plongeon dans le lac et Mycroft Holmes nu.

Mais bon, sincèrement : va-t-on vraiment voir ce genre de film pour son intrigue ? Evidemment que non. On y va pour les acteurs, pour l'humour et pour s'en prendre les yeux. Et sur ce point, on est servis !

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(Où c'est qu'il est Indiana Jones ?)

Le duo Robert Downey Jr./Jude Law fonctionne toujours aussi bien, voire mieux pour ce qui est de Jude Law. Il a perdu en cheveux mais il a gagné en confiance en lui. Autant dans le premier on le sentait un peu réticent, autant là il se lâche, crève l'écran et son Watson volerait presque la vedette à Sherlock himself. Je dis presque car celui qui lui vole vraiment la vedette, il faut l'avouer est son frère Mycroft. Déjà Mycroft, je l'adore dans la série BBC, je j'aime encore plus ici. Stephen Fry est vraiment excellent en Mycroft extraverti, pas pudique pour un sou, à l'humour noir et aux répliques rares mais qui font mouche.

Mycroft Holmes: Good evening, Mrs Watson. I'm the other Holmes.
Mary Watson: You mean there's *two* of you? Marvelous!

Autres petits nouveaux dans la bande : Noomi Rapace en Simza est vraiment bien, malheureusement son personnage est peu et très mal exploité. De plus, son personnage de bohémienne et femme forte, bien qu'intéressant est en même temps bien cliché. On sent qu'elle est là essentiellement pour faire joli, parce qu'il fallait une fille dans le film et que Mary Watson n'irait jamais faire du poney en France. Et encore moins Irène Adler. Un peu triste d'ailleurs de la voir si peu : dans le premier film j'avais pas trop accroché, mais là, elle m'avait convaincue : un peu comme Jude Law, on l'a sentait plus sûre d'elle et donc plus à l'aise.

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(Je te tiens, tu me tiens par la barbichette.... Ah non, mauvaise comptine...)

Pour ce qui est des méchants : autant j'ai adoré Sebastian Moran, autant James Moriarty m'a laissée de marbre. Sauf lors du jeu d'échec en Suisse. Seul instant du film où on comprend pourquoi ce professeur qui écoute du classique est le seul capable de battre Holmes : il pense comme lui ! Autrement, rien. Jared Harris est très bon, et j'aurais aimé dire que c'est le rôle qui veut ça et qu'en fait il joue très bien les types froids, insensibles et manipulateurs... sauf que non (enfin si il le fait très bien, mais non). Je l'ai surtout trouvé fade, banal et oserais-je dire chiant ? Je sais qu'il est semblable au personnage de Conan Doyle, mais quitte à exagérer Sherlock Holmes au point d'en faire un clown plutôt qu'un réel détective, pourquoi ne pas faire de même avec le caractère de Moriarty ? Sur ce point, le Moriarty de Steven Moffat aura toujours ma préférence. Non vraiment, côté méchant, c'est Moran qui a retenu toute mon attention et j'espère que si troisième opus il y a, il sera présent. J'aime les méchants qui parlent peu mais qui d'un regard, d'un geste, d'un sourire en coin montrent à quel point ils peuvent être cruels. Et ça, Paul Anderson le fait très bien. 

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(Source)

Pour ce qui est de la réalisation, comme je disais, on s'en prend plein les yeux. Ce nouvel opus nous emmène de Londres à la campagne anglaise, en passant par le Paris du XIXème avant d'aller en Suisse. Et c'est à chaque fois une merveille pour le yeux. On regrettera cependant la scène dans la forêt, avant le départ en Suisse qui ne sert absolument à rien si ce n'est augmenter le budget effets-spéciaux et réveiller les spectateurs somnolants. Ca explose de partout, ça saute de partout... manquait plus que les uniformes d'officiers et on se serait crus dans un épisode de la saison 2 de Downton Abbey ou dans Birdsong. Visuellement parlant, c'est nickel, scénaristiquement parlant, c'est passable : nous voilà résolument dans un film d'action plutôt qu'un film de détectives. Dommage. Autrement, j'aime toujours autant la reconstitution des époques et Holmes qui décrit la scène avant de se battre. 

Mais cette fois encore, ce qui vaut vraiment d'aller voir le film, ce sont bien ses personnages et l'humour omni-présent. Ah le couple duo Holmes et Watson - un pur délice. On sent leur amitié, tout le respect et l'admiration qu'ils ont l'un pour l'autre. C'est toujours un plaisir de voir Sherlock jaloux et lancer des petites piques auxquelles Watson ne répondra pas ou au contraire, qu'il entrera dans son jeu. Ils ont le chic pour lancer les vannes qu'il faut au moment qu'il ne faut pas. Et puis, point très positif : ça ne tombe jamais dans le hyper-sentimentalisme - pas de grandes déclarations, juste une phrase ou un geste qui veut tout dire (je pense notamment à la scène dans le train vers la Suisse...)

Dr. John Watson: Oh, how I've missed you, Holmes.
Sherlock Holmes: Have you? I've barely noticed your absence.

La présence de Mycroft apporte un plus non négligeable au film, surtout côté humour. Comme dit plus haut, Stephen Fry est vraiment excellent et le fait de créer en plus du duo Sherlock/Watson, le duo Sherly/Mycroft permet de faire un break dans les sous-entendus sur le relation Holmes/Watson (car oui, bizarrement, tout le monde a trouvé ce second film bourré de sous-entendus, moi j'ai trouvé ça raisonnable)(on évitera cependant de trop s'attarder sur la scène dans le train vers Brighton et du déguisement de Sherlock).

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"You know, he's nothing like as slow witted as you've been leading me to believe, Sherly."

Autrement, la musique, les décors et les costumes valent toujours autant le détour. Pareil pour le chien. On ne voit pas le temps passer et nos yeux et nos oreilles ressortent de la salle comblés.

En résumé :

  • Si vous avez aimé le premier Sherlock Holmes, vous aimerez bien ce deuxième.
  • Si vous n'avez pas vu le premier Sherlock Holmes, vous aimerez celui-là. (ceci a été scientifiquement prouvé par Elisha)
  • Si vous avez vu et pas aimé le premier film, et bien passez votre chemin - ce Jeu d'ombres ne vous réconciliera absolument pas avec Guy Ritchie.

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