Mot de l’ÉditeurÀ la fin du XIXe siècle, la Parisienne fascine le monde entier : emblème de la séduction, on vante ses robes, sa coiffure, son allure, son esprit, et même ses défauts deviennent des qualités. Mais elle n’est pas née en un jour, car il ne suffit pas d’habiter Paris pour être et se sentir parisienne ; il faut incarner un style, posséder ce je ne sais quoi qui parle à l’imagination et que les autres reconnaissent sans toutefois pouvoir le définir. La Parisienne brille : c’est le regard de l’autre qui la fait exister et la meilleure preuve de cette existence est qu’on ne cesse de vouloir la copier.
De siècle en siècle, elle a construit un style. Où habite-t-elle ? Comment s’habille-t-elle ? Où s’amuse-t-elle ? Comment séduit-elle ? Différente de la femme de la cour, elle s’oppose aussi à la femme de province : il n’y a de réussite qu’à Paris et se moquer de la provinciale est une façon pour elle d’asseoir sa supériorité. Fantaisie, liberté, goût : elle sait faire valoir ingénieusement tout ce qu’elle a d’aimable. Son élégance la distingue, mais plus encore ces petits signes immatériels qui ne se monnayent pas et qui, au fil du temps, se réfèrent de moins en moins à une classe sociale. Mais la Parisienne n’est pas exempte de défauts et la satire côtoie l’apologie. Frivole, superficielle, arrogante : le regard de l’étranger, s’il ne subit pas son charme, peut devenir critique et défiant.
De Ninon de Lenclos à Arletty, de la marquise de Sévigné à Françoise Sagan, de Rose Bertin à Coco Chanel et à Inès de la Fressange, l’histoire de la Parisienne est une longue suite d’existences singulières, uniques et pourtant voisines. Théodore de Banville trouve un trait commun à toutes ces femmes : « Si vous voulez savoir comment agira une Parisienne dans une circonstance donnée, prenez le contrepied du lieu commun généralement admis et vous le saurez exactement. Soyez assuré qu’elle fera toujours le contraire de ce qu’indique le vulgaire poncif d’élégance ou d’esprit » (1876).
Sabine DenuelleAprès des étude de lettres classiques à la Sorbonne, Sabine Denuelle a suivi un cursus de Sciences Po où elle a rencontré le professeur Louis Chevalier, titulaire d'une chaire d'Histoire de Paris au Collège de France. Elle a travaillé de longues années à ses côtés.
Elle est l'auteur de nombreux ouvrages parus chez Aubanel, La Marinière, Larousse, etc.
Citadelles & Mazenod
Jean Béraud (1849-1936), La pâtisserie Gloppe, 1889
Paris, musée Carnavalet
Marie Laurencin (1883–1956), Portrait de Mademoiselle Chanelle, vers 1923
Paris musée de l'Orangerie
Jean Honoré Fragonard (1732-1806), La lettre d'amour, vers 1770
New York, The Metropolitan Museum of Art
Jean Béraud (1849-1935), Parisienne, place de la Concorde, vers 1890
Paris, musée Carnavalet
Charles Alexandre Giron (1850-1914), La Femme aux gants, dite La Parisienne, 1883
Paris, Musée du Petit-Palais