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Michel jakar, Légers dérangements du réel : trois ans de spectacles aux Brigittines en DVD

Publié le 09 mars 2008 par Jérôme Delatour
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Pendant trois ans, de 2003 à 2005, Michel Jakar a filmé tous les spectacles du festival Bellone Brigittines ; placé au milieu du premier rang, sans jamais bouger sa caméra. Michel Jakar n'est pourtant pas du genre à produire des captations. Découpé, entremêlé, samplé, le matériau brut recomposé par lui produit une nouvelle performance, Légers dérangements du réel, d'où jaillissent des permanences, des correspondances, les obsessions et les affres de l'homme contemporain, tiraillé entre chaos public et drame intime. Par ordre d'apparition, à peu près : nudité, violence médiatique, passivité, frontalité, spasmes, sainteté, fragilité des perles et du blanc, beauté, peau, sexe, lenteur, hiératisme, voiles, masques, fermeture, incommunicabilité, grimace, révolte. Il en résulte un raccourci poétique et charnel du monde actuel, un condensé de ce qu'un spectateur assidu peut encaisser.

Ce film a un grand frère encore inédit, Demain il fera jour (2003), qui tissait de la même manière les spectacles des deux années précédentes du même festival.
Cela fait quinze ans pour le moins que Michel Jakar réalise d'exceptionnelles vidéos autour de la danse contemporaine, dont chacune est un objet unique et singulier. Son site internet en propose de très beaux extraits ainsi que de magnifiques photographies (trop petites !).
Dans le Silence du rouge (1992), il mariait la voix du comédien Georges Génicot, le corps de Brigitte Asselineau et les espaces de l’ancienne Maison de la Radio de Bruxelles. En 1997, il signait Son image danse, reportage intime et inspiré autour des répétitions de Langage secret ou la naissance de l’être, collaboration singulière entre Michèle Noiret et Akarova (1904-1999), l'"Isadora Duncan belge". Une ode à la transmission, en quelque sorte. Et puis, il y a sa longue collaboration avec la compagnie Mossoux-Bonté (Rien de réel (1994), Injonction III (2002), Générations (2004)), dont ce nouvel opus est en somme le prolongement naturel, puisque Patrick Bonté co-dirige le festival Bellone-Brigittines.

Dans Légers dérangements du réel, on retrouvera quelques spectacles marquants des dernières années  et beaucoup d'artistes connus (Régine Chopinot, W. H. A. ; Jan Fabre, Quando l'uomo e una donna ; Pascale Houbin, A blanc ; Mossoux-Bonté, Générations ; Karine Ponties, Brutalis, Le chant d'amour du grand singe ; Lia Rodrigues, Ce dont nous sommes faits ; Hans van den Broeck, Almost Dark ; Pé Vermeersch, Blondes Have No Soul) ; d'autres moins connus mais qui gagnent à l'être, comme Ingrid von Wantoch Rekowski, dont l'A-Ronne II, inspiré de l'A-Ronne de Bério, sert de fil conducteur au DVD (où l'on voit également des séquences de Métamorphoses II d'Avila), ou bien le tandem Charlotte Vanden Eynde-Hugo Dehaes (Lijfstof, Map Me), dont j'ai parlé il y a bien longtemps et qui ne tourne pas assez en France.

Officiellement sorti le 25 juillet 2007, Légers dérangements du réel n'est véritablement disponible que depuis peu de temps, et rien moins (miracle) qu'à la Fnac et sur Alapage. - Et, par un mystère de la diffusion dont la danse contemporaine a le secret, chez Orkhêstra , distributeur spécialisé dans le jazz et la musique indépendante... Par contre, ne le cherchez pas sur le catalogue en ligne de son éditeur, la librairie bruxelloise Kamalalam !
Dépêchez-vous de l'acquérir avant qu'il disparaisse : vous vous ferez plaisir, vous ferez oeuvre pie et inciterez Michel Jakar à publier quelques autres de ses merveilles.

Michel Jakar, Légers dérangements du réel, éd. Les Brigittines / Kamalalam Film, 2007, DVD PAL toutes zones, 57 min, versions française et anglaise, moins de 30 euros.

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