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Les hivers à Venise sont gris mais beaux

Par Tred @limpossibleblog
Les hivers à Venise sont gris mais beauxC’est un lundi en fin d’après-midi. Paris est sec, froid, mais coloré. Au sous-sol de l’Élysée Lincoln, je suis un des rares à avoir moins de 60 ans dans cette salle qui se remplit. Dans la queue à l’extérieur déjà, les voix bruissaient du désir de partir sur la lagune vénitienne. Une fois installé dans mon fauteuil du 5ème rang, d’autres langues se déliaient sur la motivation des spectateurs du jour. « J’espère qu’on va bien voir Venise. Il paraît qu’il y a aussi des scènes à Moscou ».
C’est une romance italienne au long cours que je suis venu voir, mais j’ai bien l’impression que nombre d’entre mes camarades cinéphiles du jour se déplacent surtout parce que la ville de Venise est présente dans le titre du film de Valerio Mieli, Dix hivers à Venise. Je me suis pour ma part laissé attirer par quelques critiques qui m’ont donné envie de découvrir ce film dont je n’avais pas entendu parler deux semaines plus tôt.
C’est avec une pointe de déception que j’ai laissé s’installer à mon côté, tout contre moi, un vieux couple qui aurait pu nous laisser plus d’espace. J’étais encore plus déçu lorsque monsieur assis à ma droite s’est mis à jouer des coudes régulièrement, ou dès la scène d’ouverture à commenter à voix haute à l’intention de madame. Puis ce fut ce rideau malencontreusement tiré dans la salle de projection qui fit s’abattre exactement sur moi le rayon d’une lumière venue de la cabine pendant un bon quart d’heure.
Mais c’est un film qui fait oublier ce genre de désagréments que j’ai vu ce lundi-là. L’histoire d’un garçon et d’une fille, devenant homme et femme, observés le temps de dix hivers alors qu’ils se croisent, se décroisent et se recroisent à Venise. Ils se rencontrent jeunes étudiants dans un vaporetto un soir de 1999, et c’est chaque hiver que nous allons les retrouver, parfois le temps de quelques minutes, d’autres fois sur plusieurs jours. Toujours dans le gris et le froid. De la flamme inassouvie du premier regard naîtra cette relation tantôt faite d’amitié, tantôt de désir chaste ou de désamour. Et l’amour dans tout cela, arrivera-t-il un jour ?
C’est une comédie romantique versant plus dans la mélancolie du désir inassouvi que dans la joie de l’amour partagé, comme un croisement étrange entre Quand Harry rencontre Sally et Un jour, le tout avec pour cadre quasi unique, si l’on excepte effectivement une ou deux escapades moscovites, une Venise hivernale, froide, incarnée à l’opposée de son image d’Épinal. Le temps passe, les caractères se forgent, les sentiments murissent.
C’est un film que je ne serais peut-être pas allé voir un autre jour. C’est un film que nous serons certainement peu à avoir vu en salles. Pourtant qu’ils sont beaux, ces hivers à Venise.

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