Un téléfilm diffusé en deux soirées, c’était un pari audacieux. Il a quelques défauts, certes, un peu trop hagiographique, se laissant aller à la romance de temps en temps, et surtout, au prétexte d'être une fiction, jouant parfois avec la vérité historique. Mais il a aussi le mérite de faire connaître cet homme qui a voulu donner au pays où il vivait les principes d’une révolution qui se tenait à soixante jours de bateau, en France. L’histoire de Toussaint Louverture est peut-être méconnue en France parce qu’il a osé, ancien esclave, affranchi, devenu général républicain, faire face à Napoléon, après le coup d’état du 18 brumaire. Sans doute aussi parce que la France a eu bien du mal à accepter l’indépendance d’Haïti, la lui faisant payer en lui infligeant en 1825 une dette de 150 millions de francs-or. Difficile à digérer cette révolution d’esclaves venant à bout d’une armée impériale !
L’histoire de cette révolution et de ses héros n’est pas linéaire. Bien des hésitations, des contradictions vont s’y affronter, et parfois chez les mêmes personnes. Le film tente de le montrer. Il montre aussi que le modèle du pouvoir est incarné par un Napoléon (le « premier des Blancs ») dont la responsabilité dans les évènements qui vont se dérouler à Saint-Domingue est aussi importante que son absence sur le terrain. Il ne vient pas, il ne répond pas aux lettres de Toussaint Louverture, qui se décrète « premier des Noirs ». Napoléon qui, après avoir rétabli l’esclavage dans les territoires de la Martinique, de Tobago, de Sainte-Lucie, de l'Île Maurice et de la Réunion, laisse mourir de froid cet homme qu’il a coupé de son pays et de ses proches et qui avait obtenu, avant son arrestation, que l’esclavage ne soit pas rétabli sur son île. Une île qui deviendra indépendante plus d’un an après la mort de celui qui en fut le premier gouverneur Noir, et prendra le nom d’Haïti.
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