Une petite interview de Jérôme Thomas hier dans stade 2 nous a mis la puce à l’oreille. Devenus rares dans les grands médias, les interventions des boxeurs sont avant tout l’occasion de parler de la difficulté de boxer, des promoteurs véreux, des difficultés économiques. On est loin du temps béni où chaque semaine le service public relayait les meilleurs combats. WTFRU s’est penché sur ce sport qui vit des heures sombres.
Pas assez de têtes d’affiche
Posez vous la question : Mis à part Mormeck, combien de boxeurs actuels connaissez-vous ? Pas beaucoup normalement sauf si vous êtes un passionné de Tribune Boxe sur Ma Chaine Sport… Il est loin le temps où boxaient en même temps Asloum, Tiozzo, Lorcy, Monshipour et consorts. On ne peut même pas dire que la boxe française manque de résultats, à vrai dire on ne sait pas vraiment quels sont ses résultats tant les champions évoluent dans une sphère confidentielle. Les meilleurs boxeurs français préfèrent s’exiler en Allemagne, Angleterre, dans des pays où ils sont reconnus et payés à leur juste valeur. Dans d’autres sports on part à l’étranger pour franchir un palier, en boxe on part pour fuir le système.
Illustration avec ce reportage de 2006 du truculent Arnaud Roméra (difficile d’être prophète en son pays)
Si l’on excepte quelques grands rendez-vous (un Klitschko-Mormeck par exemple), la boxe est désormais un sport qui fait essentiellement parler de lui aux JO. Comme avec Asloum en 2000, seul un exploit à Londres cet été pourrait redonner de la vigueur à ce sport. Le manque de têtes d’affiche pose la question de la formation et de la détection. Les initiatives existent pour trouver le nouveau champion français : le Tournoi du Cirque d’Hiver en est une mais ce genre d’événement reste marginal.
Argent trop cher, la boxe n’a pas de prix
Le fric a pourri ce sport. Beaucoup de boxeurs sont aujourd’hui des chevaux de trait que l’on exploite au maximum avant de les mettre au placard. Soit tu fermes ta gueule et tu attends d’être assez bankable pour pouvoir disputer des combats intéressants, soit tu rejettes le système et faire carrière sera dès lors très difficile. Certains champions ont tenté de devenir promoteur mais le petit monde de la boxe hexagonale ne l’a pas entendu de cette oreille. Ainsi l’exemple de Mayar Monshipour est parlant, dégouté par ce système mafieux l’ancien champion du monde a décidé de devenir promoteur. Au final un échec cuisant, des pertes financières importantes et la conviction que bouleverser le système est mission impossible. A force de résonner à court terme, de vouloir faire du fric rapidement, les promoteurs ont mis à mal le vivier de talent français.
Une organisation et certains athlètes en question
3 fédérations, plus de 80 ceintures mondiales, on ne sait combien de catégories, la boxe est une usine à gaz. Pour le spectateur il est difficile de cerner la vraie valeur d’un combat. On a l’impression qu’il existe une multitude de possibilités pour devenir champion du monde. Si le public se détourne de la boxe, s’est aussi que rien n’est fait pour faciliter sa compréhension. Prenez un sport comme le MMA, il y’a plusieurs circuits mondiaux (UFC que choisir est le plus connu) et tout est fait pour entrainé le spectateur.On est mauvaise langue, du spectacle certains boxeurs en font…mais à mauvais escient, dernier exemple en date avec le britannique Chisora ce week-end :
Tous les débordements des champions ont lassé le public, peu importe que le mec ait eu une enfance difficile ou se soit fait violer par son oncle forain, il y’a certaines limites à ne pas franchir. Ces dernières années beaucoup de boxeurs les ont franchies. Alors oui on peut se poser la question de savoir s’ils sont assez protégés, assez entourés, on ne nous empêchera pas de penser que certains sont justes complètement abrutis ! Le problème s’est que dans l’imaginaire collectif on va plus facilement retenir le mec qui est accusé de viol que celui qui s’entraine comme un chien à la salle tous les jours. Ce week-end avait donc lieu le match entre l’ainé Klitschko et Chisora, suite aux différentes frasques de l’anglais le combat est passé au second plan, le fait divers plutôt que le sport.
Un petit moment d’émotion pour finir, puisque nous avons commencé par Jérôme Thomas nous finirons par le double médaillé olympique. Salut champion !