Magazine Culture

On y était – Blouse + Active Child + Nzca/lines au Point Éphémère

Publié le 21 février 2012 par Hartzine

On y était – Blouse + Active Child + Nzca/lines  au Point ÉphémèrePhotos©Emeline Ancel-Pirouelle

Blouse + Active Child + Nzca/lines, Le Point Éphémère, Paris, le 19 février 2012

Il y eut tout d’abord cet espèce de dilemme terrible. Aller voir le concert de Blouse, groupe dont le premier album éponyme a été pour toute la rédaction d’Hartzine une rencontre fulgurante et poétique, était l‘option initiale. La seconde s’est présentée sous la forme d’un irrésistible fast food à roulettes : le Camion qui fume avait choisi le même soir pour s’installer devant le Point Éphémère. L’idée d’abandonner la vie entière pour se vautrer dans un océan de steaks et de graisse et de pain et de pommes de terre a semble-t-il traversé l’esprit de tous les spectateurs du concert. Comme les queues des deux événements se jouxtaient presque, la limite de l’une et de l’autre file semblait assez poreuse pour laisser la possibilité de changer de camp à tout instant. Nous nous sommes cependant majoritairement tenus au plan initial et le premier groupe, Nzca/lines, a presque permis d’oublier ces frustrations gastronomiques.

On y était – Blouse + Active Child + Nzca/lines  au Point Éphémère

La salle était remplie d’entrée de jeu et le public semblait d’un enthousiasme à toute épreuve, toujours content et toujours satisfait, au point qu’il était parfois difficile de savoir si les individus étaient venus soutenir un groupe en particulier ou simplement écouter quelque chose quelque part. Ce public n’avait pas de favoritisme : il était enjoué et démocratiquement sympathique. Et c’est dans ce bon esprit un peu agaçant que les gens ont acclamé la pop synthétique et dansante de la première partie londonienne. Il faut dire que les acclamations étaient plutôt méritées. Malgré un son un peu lisse, le groupe Nzca/lines avait une consistance pop charmante : les harmonies soigneusement travaillées et l’énergie scénique un peu théâtrale des membres remportaient donc une adhésion naturelle et légitime.

Blouse s’est ensuite installé. C’était un concert visuellement étonnant et distillant une étrange densité. Ce qui étonnait tout d’abord, c’était la stabilité des deux belles brunes (celle qui chantait et celle qui tenait les claviers) du premier plan par opposition aux deux garçons du second plan (bassiste et batteur), plus remuants. Malgré leur pesante immobilité, c’étaient cependant les filles qui attiraient toute l’attention. La chanteuse ressemblait vraiment à une défunte fantomatique des romans gothiques anglais avec sa robe longue et soyeuse, son timbre fragile et son regard vague, très lointain. Elle susurrait timidement un franglais humble avant d’enchaîner des paroles magnétiques sur de longues plages synthétiques. Parfois, elle tendait mollement le bras devant elle. Parfois, sa voix était légèrement arythmique, ou fausse. Parfois les néons la faisaient disparaître sous des raies blanches et géométriques.

On y était – Blouse + Active Child + Nzca/lines  au Point Éphémère

Une équation curieuse. Assez en tout cas pour déboussoler le plus consensuel des publics et c’est ce qui arriva. Malgré l’atmosphère anesthésiée que le groupe construisait patiemment, Blouse provoquait débats, vie et étonnement au sein des spectateurs. Si beaucoup de personnes dodelinaient tendrement la tête, dansaient tendrement, d’autres s’ennuyaient de façon démonstrative : « She’s so annoying », déclama dramatiquement une grande blonde américaine quelque part. Et elle avait tort et raison à la fois car Blouse est un groupe de l’ennui fécond et de la tristesse résignée.

C’était donc une prestation émouvante et qui n’aurait pas dû avoir de suite. Ce fut pourtant le cas et un dernier concert eut lieu : le très attendu Pat Grossi d’Active Child entra en scène accompagné de deux autres garçons. Sans les effets de production soignés des disques, l’électro-pop grégorienne de cet Américain hyperactif avait en live quelque chose d’un peu grotesque. Cela vient peut-être du fait que ce pays n’a pas d’histoire médiévale mais toujours est-il que cette voix de tête appuyée, cette harpe électronique et ces beats très lourds rendaient perplexes. Mais le public était redevenu unanime, comblé et heureux. Et la grande blonde remuait gentiment sa tête au premier rang.

Photos


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Hartzine 83411 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines