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Métamorphose des cloportes (la)

Par Noirdepolars

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  • Broché: 234 pages
  • Editeur : Table ronde; Édition : Nouvelle édition (14 mars 2000)
  • Collection : La petite vermillon
  • Langue : Français
  • ISBN-10: 271030967X
  • ISBN-13: 978-2710309673

Le mot de l'éditeur

Observer la loi du silence pour épargner à ses complices les rigueurs de la justice et mijoter dans le placard sans que personne se soucie d'envoyer des mandats ou des colis, il y a de quoi mettre en rage le plus doux des malfrats. Rien d'étonnant si Alphonse, libéré pour raison de santé, veut demander des comptes à ses associés de naguère : Rouquemoute le poussah, Edmond Clancul et Youpe le fourgue. Reste à savoir sous quelle pierre ces cloportes se sont cachés. Aux anciennes adresses, plus personne. En cours de route, Alphonse cueille une jolie fleur nommée Anne-Marie. Il l'a rencontrée dans une galerie d'art et la retrouve dans celle du fourgue transmué en mécène de la peinture. Ainsi le plomb vil en or s'est-il changé... Ce n'est rien comme métamorphose à côté de celle d'Edmond. Alphonse va au-devant d'une surprise autrement phénoménale. Il raconte tout cela d'une plume alerte mais châtiée (" Je travaille dans l'élagage ", dit-il), en homme qui a lu et vécu plus encore, ce qui lui permet de se moquer avec esprit des cuistres et des cagots et de découper avec art une tranche de vie succulente.

L'élucubration du bertrand

J’ai lu ce livre après avoir vu le film, et je m’attendais à revivre les pérégrinations meurtrières d’Alphonse-Lino. J’ai été surpris, car le scénario d’Albert Simonin et les dialogues de Michel Audiard sont assez peu fidèles au roman. Surpris, mais pas déçu. Oh que non !

Alphonse Boudard sort de taule après avoir tenu son rôle d’homme-apache : il n’a rien cafté aux lardus, ni pendant l’interrogatoire, ni chez le juge et encore moins sous les verrous. Mais voilà, cinq piges sans se faire « assister » d’un mandat ou d’un panier de bouffe, ça aigrit. C’est même tellement bilieux comme sensation que quand t’en sors, t’as qu’une idée dans ton cigare, c’est de te farcir les salopards qui t’ont laissé tomber. T’as qu’une envie, c’est de les voir rôtir, les faire se désintégrer de trouille, les fixer jubilatoire quand ils se tordront de douleur, à terre, avec pour dernières visions le cuir luisant de tes godasses neuves et le pli impeccable de ton nouveau falzar.

Mais du rêve à la réalité, c’est comme dit l’autre : ça fait deux. Tes anciens complices, y se sont envolés depuis belle lurette, non sans t’avoir chouré tes éconocroques avant. Ordures certes, mais mecs prévoyants et avec du réflexe. Alors tu les cherches, c’est même ça qui te fait tenir, qui te fait un peu oublier tes poumons de taulard, des éponges pétées avant heure. Bon, en chemin tu rencontres une nana qu’a des guibolles de reine, interminables, et des nibards façon poire belle Hélène qui vont bien sous la pogne, alors ça t’adoucit un peu, ça t’aide pas à oublier mais au moins cette frangine te distrait. Tu te demandes même comment qu’elle fait pour te trouver séduisant avec ton teint jaune vieux journal et ta toux de crevard…

Ce livre tient avant tout du délire verbal.  La trame en est finalement assez mince, alors que le scénario du film, lui,  est d’une grande richesse. Mais c’est un régal à lire, un verbe qui te prend et te lâche difficilement, tellement que t’as l’impression que t’as toujours jacté comme lui, comme Alphonse.

Chef d’œuvre vrai, merveille, j’en passe et des pires...

Extrait

Les autres châtelains autour, mes potes, activent le rythme au Gévéor, Nicolas, Postillon, dix, onze, douze degrés ! A la régalade ! Au clairon, et vas-y Mimile ! Du Moulin-à-Vent aussi, Bordeaux contrôlé, Beaujolpif pisse-dru ! Tout ça kinopanoramique, relief, archicolor. La prochaine vague, hop, je saute dans la rame, j’attends pas que les portières se referment. Je vous ferai visionner, moi, des fesses absolument transcendantales, les miches à miss Lucidité, ses cuisses, et puis chaque têton en gros plan l’un après l’autre. Tout ça sauce brouillard, musique jazz-sanglot rythmant le coït, juste suggéré par la culotte d’un zouave déserteur aux orties.

La Métamorphose des Cloportes - Chalumeau spécial - dialogues Audiard


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