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Arnold Harberger

Publié le 22 février 2012 par Copeau @Contrepoints

Alito, comme ses nombreux étudiants en Amérique latine appelaient Harberger, est peut-être l’économiste le plus influent pour transformer les économies de la région de modèle fermé et dirigiste aux mauvaises politiques économiques qui la ruinèrent pendant des décades en pôles de croissante dynamique et d’avancée sociale.

Arnold Harberger

Par Manuel Suárez-Mier (*)

La semaine passée s’est tenu la 19e édition de la conférence d’Álamos, Sonora, où se réunissent des économistes du monde entier pour discuter de grandes questions de l’économie mondiale, avec un intérêt spécial pour ce qui se passe dans notre continent.

À cette occasion, la réunion se concentra sur les extraordinaires apports de Arnold C. Harberger, professeur d’économie de l’UCLA et professeur émérite de l’université de Chicago, qui fut le directeur académique des conférence d’Álamos jusqu’à l’année dernière et qui continue d’être une des plus grandes attractions intellectuelles de cette réunion.

Alito, comme ses nombreux étudiants en Amérique latine appelaient Harberger, est peut-être l’économiste le plus influent pour transformer les économies de la région de modèle fermé et dirigiste aux mauvaises politiques économiques qui la ruinèrent pendant des décades en pôles de croissante dynamique et d’avancée sociale.

Son chef-d’œuvre est sans aucun doute le Chili, un pays qui d’une de économies les plus inefficaces et pauvres de la région devint l’exemple à suivre non seulement en Amérique latine mais dans le monde entier, en seulement quarante ans.

Les liens de Harberger avec le Chili remontent à 1955, quand l’université de Chicago et l’Université catholique de Santiago signèrent une convention par laquelle un bon nombre d’étudiants chiliens iraient passer leur doctorat à Chicago avec l’engagement de revenir enseigner dans leur pays.

À partir de ce moment, un nombre croissant de Chiliens furent entraînés à la rigoureuse discipline de l’économie « à la Chicago », c’est-à-dire, mettant en avance l’importance de la liberté des marchés comme mécanisme approprié pour atteindre la meilleure assignation des ressources rares et la plus grande prospérité.

Chicago ne céda jamais à la tentation d’archiver l’économie classique, comme cela se passa dans la plus grande partie des universités des USA qui se convertirent à un grossier keynésianisme, qui poussait en avant les dépenses publiques et les régulations gouvernementales comme source de croissance et de progrès.

Le Chili et le reste de l’Amérique latine suivirent les directives de la Commission économique des Nations Unies pour l’Amérique latine, la tristement célèbre CEPAL, qui sous l’inspiration de l’Argentin Raúl Prebisch utilisa la protection pour défendre des industries « infantiles » qui devinrent séniles sans jamais atteindre la maturité complète.

Prebisch soutenait que le prix des matières premières, principales exportations de la zone alors, souffraient d’une détérioration permanente face aux prix des produits industriels, raison pour laquelle l’unique façon de combler le retard passait par une industrialisation forcée par les gouvernements avec des obstacles aux importations.

Comme le montrent les statistiques des prix relatifs des matières premières et des produits industriels pendant le dernier demi-siècle, la cépalienne détérioration des termes de l’échange des premières non seulement fut inexistante mais les prix prirent le sens contraire grâce à l’avance technologique qui fut plus rapide dans l’industrie.

Quand le marxiste Salvador Allende arrive au gouvernement chilien en 1970, les déjà mauvaises politiques économiques de ce pays devinrent pires avec l’étatisation d’une bonne partie de l’économie privée et l’application détaillée et coûteuse de contrôles de tous les prix de l’économie, y compris les monnaies étrangères.

Quand survint le coup d’État, les militaires, accoutumés au contrôles de fer comme part essentielle de la discipline militaire, ne firent aucun changement parce qu’ils n’avaient aucune idée de comment procéder, jusqu’à ce qu’ils tombent fortuitement sur l’unique groupe qui savait que faire pour renverser l’effondrement économique : les anciens élèves de Harberger, qui furent populairement baptisés les Chicago Boys.

C une capacité inusuelle parmi les économistes pour prédire le futur avec une précision claire, ces Chiliens avaient préparé un plan de transformation économique radical, connu sous le nom de « la brique », pour instaurer une véritable économie de marché, profitant des temps désastreux du régime marxiste.

Il est très important de signaler que ni Harberger ni aucun autre professeur de Chicago ne conseillèrent le régime militaire chilien, bien qu’ Alito continua de donner à titre gratuit ses conseils avisés à ses anciens élèves, comme il l’a toujours fait dans les pays où ils se sont répandus dans le monde entier.

Cependant la gauche chilienne et ses alliés globaux s ’employèrent à insulter Harberger et d’autres professeurs de Chicago, ce qui, nous sommes nombreux à le penser, lui coûta le prix Nobel d’économie malgré ses énormes mérites. Le comité correspondant à la Banque de Suède évita ainsi les critiques des « progressistes ».

Dans des articles prochains, je parlerai des énormes contributions de Harberger à l’économie.

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(*) Manuel Suárez-Mier est professeur d’économie à l’American University de Washington.
Traduit de l’espagnol.


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