C'était il y a longtemps. Souvenez-vous.
Avant, c'est vrai, il y avait un mot: mesure.
L'Univers à la mesure de l'homme.Je me souviens, moi, je n'étais pas né. C'était il y a longtemps.
Mais déjà, quelqu'un dont je ne cesse de réciter la phrase écrivait:Le silence éternel de ces espaces infinis m'effraie.Premier acte de notre inquiétude.
Aujourd’hui,Nous avons quitté le temps des certitudes.L'impermanence, le mouvement désormais en tout.
C’est l’histoire de notre inquiétude.L’histoire des enfants turbulents de la Grande Guerre.
Je ne dis pas les enfants de la honte,Mais de la dé-mesure.
C’était nos arrière-grands-parents. Noirs. Maures. Arabes. Juifs d’Allemagne et de France,Métèques et Limousins, mobilisés pour quoi?Pour l’esprit, qu’ils disaient!Pour les lumières, Mon cul!
Ce fut le vingtième siècle!La flèche inversée de la science, De la technique, devenues l’une et l’autreComplices de la destruction.
Et ce qu’il reste après:...Stèles de mémoire dressées aux quatre coinsDe ce vieux continent.
Mais nous avons quitté le temps des certitudes.Et nous voilà, à l’orée du vingt-et-unième siècle,Condamnés à mendier le sens.Nous tendons la main aux passants.Ils passent. Indifférents. Il y a parmi eux des charlatans, parmi eux des sages.Parmi eux des tribuns,Et surtout, des promettants.Voyez ! Ils jettent des mots-creux: nation,Identité, culture et civilisation. Quelque chose, pensent-ils, pour nous consoler.
Mais ce temps-là est passé.
Il n’y a d’Universel que la colère. Accepter de mourir pour ne pas quitter La peau de l’homme.
Nous nous reconnaissons désormaisEspèce parmi les espèces et nous peinonsA tirer les conséquences de notre décentrement....Camille de Toledo: L'inquiétude d'être au monde (Verdier chaoïd)Merci encore à Olivia Michel grâce à qui j'ai pu connaître un texte si juste .