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Eric Bling au DNA, Bruxelles, le 22 février 2012

Publié le 22 février 2012 par Concerts-Review

Vers 19h tu interceptes un avis FB de Fred Cerise, le concert d'Andromakers/The Monotrol Kid au Libre Air est annulé.
RTL, The Voice ou le 489365ème programme culinaire...: pas question!
Heureusement, il y a ce bon vieux DNA, Julie & co ont l'excellente idée de programmer un bluesman bordelais clinquant, même si sa casquette ne ressemble pas à celle de La Fouine et qu'il s'est fait piquer sa chaîne ostentatoire par un copain de Lil Wayne :
Eric Bling!
20h et des poussières, le coin est salement mort, un plan à flanquer le bourdon à tout blueseux noir et aveugle, il faudrait se fendre d' un Pessac-Léognan millésimé pour noyer toute cette misère, malheureusement, ta bourse ne te permet qu'une mâle Jupiler!
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20:50' il s'agit de penser à entamer le concert.
Eric Bling prend place sur le vétuste siège jouxtant quatre guitares, au sol traîne toute une panoplie d'effect pedals, sur P1190833.JPGun tabouret: un sampler, un harmonica et un rouleau de bande adhésive pour accoupler un duo de micros.
A la mosquée tu te déchausses, Bling est respectueux, mais on ne dira pas de ses nougats qu'ils sont aussi attrayants que ceux d'Ava Gardner, the Barefoot Contessa!
A la table de mix, le fidèle Valoy attend le bon vouloir du Girondin qui vient de sortir un troisième CD "A room over my head"!
Il tripote le sampler qui balance une boucle rythmée, gratte une de ses six cordes, une voix virile et âpre de fumeur de Gitanes vient taquiner le noir plafond du DNA, c'est bien de blues qu'il s'agit, tu peux lui coller, comme certains journalistes de chez Sarkozy, l'étiquette nu-blues, trip hop blues, Brico blues ou transe blues, ' Keep on laughin' sent le vécu, l'authentique.
Le bottleneck et l'harmonica transforment, tour à tour, la mélodie en boogie artisanal puis en shuffle bouillant.
Il poursuit avec le lancinant 'How many times', toujours à la slide sur rythmique électronique.
Sa compagne, depuis le début de la tournée, se demande où est passée sa râpe à parmesan, elle aurait dû voir le barbu l'utiliser comme idiophone et la battre en mesure.
Il y a du Seasick Steve ou du C W Stoneking dans la démarche, à la fois roots et expérimentale.
Beau travail de picking avec ' It's too late' avant d'annoncer un traditionnel pour lequel il change de jouet, ' Sad Blues P1190823.JPGSong', une adaptation personnelle, style incantation indienne, du 'Rolling and tumbling', décorée d'une voix off récitative, de vibrations de tambourin, tout en frelatant son propre chant.
Muddy Waters en visite dans l'estuaire de la Gironde...
Sur ' What's Nu' ( 2007): le rugueux et répétitif 'Wood guitar', ça sent les marais poisseux , les eaux stagnantes puantes, infestées de moustiques, de crocodiliens pas sympathiques: un swamp blues humide.
Une troisième guitare pour ' Going home' with the morning train, après avoir erré une vie entière, le Delta bluesman revient toujours au point de départ: Skip James, Mississippi John Hurt, Robert Johnson, Elmore James... dans un champ de sugar cane, Mr Bling du côté du Médoc.
Vraiment étrange impression que de voir l'antre punk transformé en juke-joint pour un soir: ' I don't wanna', un Croate enthousiaste et aussi disert que RickyBilly vient abreuver le lonesome singer pleurant son cafard...I don't wanna stay if she wanna go... , épouvantables sont les nanas!
Rien à voir avec Paul McCartney, la poussiéreuse et interminable ' Winding road' ne te conduira pas jusqu'à la porte de la bien-aimée, tu risques bien d'y mourir de soif et de solitude.

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Merci, Bruxelles, 'Stereo Blues' sera le dernier titre de la soirée.
Profond, énigmatique, légèrement vicieux et addictif!

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Soixante minutes intenses!


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