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"I loved and lost and survived."

Publié le 23 février 2012 par Clarabel

Lucero-Elisa est une princesse, mais pas du genre habituel. Elle se décrit comme une grosse saucisse, son physique grassouillet la dégoûte, et parce qu'elle se sent empotée et dévalorisée, elle se goinfre tout le temps. Pourtant, elle porte une Pierre Sacrée au nombril. Depuis sa naissance, le Destin a fait d'elle une Elue. Promise à accomplir un grand miracle, mais lequel ? Elisa ignore tout de ce qui l'attend, son père et sa soeur aînée la tiennent à l'écart des affaires du royaume, d'ailleurs elle n'a pas son mot à dire lorsqu'à seize ans, elle doit se marier avec le roi Alejandro d'une contrée voisine.
Sitôt arrivée au palais de Joya d'Arena, Elisa est déconcertée par l'attitude courtoise mais distante de son époux. De plus, celui-ci lui demande de maintenir le secret sur leurs noces et d'être attentive aux faits et gestes de la cour. Au lieu de la réconforter, cette déférence accentue le malaise d'Elisa. C'est tellement plus rassurant de se réfugier dans les cuisines, ou à la bibliothèque, où elle cherche par tous les moyens à obtenir les réponses que ses proches ont longtemps refusé de lui donner. Et là, paf ! changement de décor. Changement de carte. On reprend toutes les données et on révise son jugement.
La deuxième partie de l'histoire passe la vitesse supérieure, voulant apporter un éclairage différent. Elisa n'est plus l'héritière choyée dans son palais royal, elle est confrontée aux réalités du terrain ... et c'est déroutant. Mais les nouveaux personnages qu'on croise sont attachants. Elisa elle-même va adopter une nouvelle attitude, prendre confiance en elle, s'investir et prendre des initiatives. Il y a toujours en elle cette jeune fille timorée, mais le temps est compté car la guerre fait rage. Les troupes ennemies ont élaboré des plans d'attaque de longue date, alors que son père et son époux passaient leur temps à palabrer autour d'accords entre voisins. Quelle perte de temps ! De plus, à la tête de l'ennemi, se trouvent des Animagi, des créatures redoutables, et Elisa n'est plus très sûre d'être à la hauteur des espérances quant à son statut d'Elue.
Ce qui a été passionnant à suivre, dans ce roman, c'est bien évidemment l'évolution de l'héroïne. Au départ, Elisa est une fille pataude et encombrée d'un corps disgracieux, qui s'est forgée une carapace derrière son esprit caustique, et qui va progressivement se découvrir une force et un pouvoir d'analyse hors du commun. La métamorphose ne relève pas du miracle non plus, il faudra du temps, de l'expérience et des rencontres pour permettre au papillon de sortir de sa chrysalide. Et le regard amoureux d'un jeune guide du désert, aussi... (une belle rencontre bouleversante). La fin du roman est davantage ancrée sur l'action, la guerre, la politique et les enjeux militaires. Le ton se durcit, l'auteur force le destin et n'y va pas avec le dos de la cuillère. Le dénouement est implacable, déstabilisant, et pourtant juste. On pourrait rester ainsi, sur ces nouvelles pistes, mais c'est trop tentant de vouloir en savoir plus. (Et puis j'ai un faible pour Hector.)
Ce roman, riche en aventures, demeure incontestablement un beau portrait de femme, qui force l'admiration.

La Fille de Braises et de Ronces, par Rae Carson
Robert Laffont, coll. R, 2012. Traduit par Madeleine Nasalik.
titre VO : The Girl with Fire and Thorns 


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