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Famille modèle - Eric PUCHNER

Par Liliba

Famille modèle Eric Puchner Lectures de Liliba

 

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C’est dans l’intimité d’une famille que nous entrons à travers ce roman, mais une famille qui est tout sauf modèle ! En effet, les non-dits, les rancœurs, les mensonges y sont rois et il semble que les quatre membres de cette famille américaine ne soient d’accord que sur ce qui concerne… le chien !

Pourtant, tout allait bien, avant que Warren ne décide de déménager et de quitter le Wisconsin, sa région d’origine, pour la Californie. Il pensait que le soleil et son nouveau job les rendraient tous heureux et qu’ils atteindraient alors ce fameux « rêve américain », celui de la réussite sociale. C’était sans compter ses déboires professionnels, par lesquels une lente glissade vers la désunion s’est amorcée. Le projet immobilier que son associé lui avait fait miroiter s’avère être irréalisable et l’argent investi vite englouti, dont on ne reverra pas la couleur. Impossible pourtant d’avouer à sa femme et à ses enfants l’ampleur du désastre, le fait que leur train de vie, les frais de la maison, des écoles ou des meubles de nouveaux riches loués ne pourront pas être couverts. Warren commence donc à dissimuler la vérité, à mentir… Pas de bol si le terrain acheté en plein désert pour y bâtir le complexe immobilier qui doit lui apporter la fortune se trouve rempli de déchets toxiques et que personne ne veut y habiter…

Sa femme Camille sent bien que quelque chose ne va pas mais pense au départ à une maîtresse. De son coté, on ne peut pas dire que ça soit non plus le bonheur total. Elle est réalisatrice de films éducatifs, mais ses films sont des bides parfaits et seuls ses enfants arrivent à rire de ses idées farfelues (le petit garçon déguisé en spermatozoïde pour expliquer la contraception aux enfants, il fallait y penser !!!). Elle se complait dans ses idées écolo, qu’elle tente tant bien que mal de faire appliquer par ses ados, ses chemisiers pastels, et refuse de se remettre en question. Elle est douce et soumise, et se veut le stéréotype de l’épouse parfaite. Enfin, c’est ce qu’elle semble être, car la nouvelle donne familiale mettra au jour un caractère que nul ne soupçonnait…

Les enfants de leur coté ne sont pas en reste. Dustin est beau, intelligent, charmeur et sûr de lui comme peut l’être un ado comblé. Il est intéressé uniquement par son groupe de musique, dont il est persuadé qu’il le mènera sur les plus grands scènes, par le fait qu’il peut faire du surf à loisir et par sa petite amie Kira, archétype de la fille avec laquelle il est de bon ton de sortir : belle, intelligente, issue d’une famille aisée, très bourgeoise... Il ne comprend cependant pas pourquoi il est également attiré par Taz, la petite sœur de Kira, complètement marginale, droguée et suicidaire.

Lyle est une ado révoltée… on en a vu d’autres. Intello, elle passe son temps dans les bouquins, déteste ce climat et le soleil qui la fait ressembler à un homard, et n’est pas du tout sûr d’elle-même, malgré sa révolte.

Jonas, lui, est le vilain petit canard de la famille. Il est celui qui m’a brisé le cœur, également. Enfant mal aimé, mal compris, il semble qu’il soit quelque chose entre un enfant autiste, ou bien un surdoué. Il traine des idées morbides, est complètement asocial, renfermé et sent bien que sa mère pose parfois sur lui un regard qui n’a rien de tendre.

Rien de très grave, donc. Au début. Car de mensonges en fausses vérité, la situation se dégrade entre les membres de cette famille. Les clichés sont écornés avec talent et l’on sent le ton ironique qui rappelle que tout n’est pas si rose en ce bas monde, même si on vit en Californie, le pays du bonheur facile… La famille est épinglée, bien sûr, mais aussi la société de consommation, ce désir de « toujours plus » que certains n’arrivent plus à surmonter et qui causera leur perte. C’est réaliste, et ça fait froid dans le dos… L’auteur décrit avec humour les travers des uns et des autres et cette mauvaise passe, alors que l’histoire vire au drame.  

Face à l’horreur, chacun d’eux va devoir trouver des ressources pour s’en sortir, faire face. Et c’est là que le roman prend vraiment toute sa dimension, et son coté tragique. Au lieu de s’entraider comme le feraient les membres d’une famille normale, tous vont se replier sur eux-mêmes, chacun selon son propre caractère, et le manque de communication déjà flagrant ne va faire que s’amplifier, devenir un gouffre infranchissable. Tous sont désespérés, l’avenir est bouché. Et les caractères changent, ils ne sont plus vraiment eux-mêmes mais deviennent des Mister Hyde, dévoilant des faces ignorées de leur personnalité.

Malgré cela, ce roman est parfois vraiment très drôle, dans les descriptions des caractères ou des actes des uns ou des autres. Nous sommes vraiment dans une tragi-comédie, ou sous le rire affleure le malheur, ou les angoisses sont cachées par l’humour (grinçant). C’est un roman qui prend au cœur, puisque chacun de nous peut se reporter à sa propre famille, à ses relations avec ses proches.

J’ai adoré l’ensemble, la plongée dans l’intimité de ces gens que j’ai plaints de tout cœur, même si la première partie m’a parue un peu longue.

Un roman lu par Clara, Aproposdelivres, Laure, Antigone, Mélopée, Lily, Sandrine, Kathel, Yv, Nina, Cathulu, Aifelle, Keisha, Hérisson, Leiloona, Le globe-lecteur, Sassenach, Cuné, et d'autres sur Babelio.

Merci à mon amie Cave pour le prêt !

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