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Les éditeurs recrutent fans et journalistes… C’est grave docteur ?

Publié le 25 février 2012 par Paoru

Aujourd’hui, je vous propose de se poser deux secondes, et de réfléchir. Je prend la plume pour mettre en lumière un sujet qui me chagrine : le recrutement par des éditeurs de fans et de web-journalistes pour l’écriture de contenu.

Cet écrit ne se veut pas forcément polémique, même si une remise en question peut difficilement éviter ce terrain, mais il a pour but de faire réfléchir à deux fois avant de foncer tête baissée dans des propositions qui semblent enthousiasmer unilatéralement le web. Je me fais donc l’avocat du diable, un chocobo à plumes rouges et à fourche, deux petites pointes sur le haut du crane.

Depuis hier il existe deux cas de figures, et donc deux pistes de réflexions…Mais avant je fais un petit rappel.

J’ai déjà évoqué le sujet des services presses l’an dernier. Pour rappel, l’éditeur nous fournit une œuvre afin de pouvoir la chroniquer sur notre propre média, en donnant notre avis. Soit l’éditeur nous envoie l’œuvre et se risque à le faire pour rien si la plume en face n’est pas convaincue, soit c’est le journaliste qui la demande car il a choisi d’en parler. Bon l’indépendance de ce système est remise en cause de temps à autres mais c’est ainsi que le journalisme professionnel marche depuis toujours et ce n’est pas le sujet du jour.

Le rappel est fait, passons au premier cas, qui a été lancé il y a quelques mois : celui de Bishi-Bishi.

Bishi-Bishi : les web-journalistes présentent les œuvres

Bishi-Bishi
Afin de mettre en avant les œuvres de ses artistes le directeur éditorial de Bishi Bishi, que nous avons déjà croisé ici pour le débat j-music, a proposé à une dizaine de plumes rodées et qui ont fait leurs preuves d’écrire sur les nombreux artistes du catalogue.

Précision importante : il a été demandé de faire une présentation et non pas une critique. Donc pas de reproche possible sur l’influence de l’éditeur sur le contenu publié. C’est au rédacteur de choisir les artistes dont il a envie de parler, l’éditeur lui fournit les morceaux au format numérique et il parlera du papier et du média impliqué contre les quelques lignes de ce dernier. Le deal me parait honnête et m’a tenté mais j’avoue que je n’ai pas réussi à caler un projet bénévole de plus dans mon planning.

Pas de paiement en argent ou en nature donc pas de risque d’intérêt à écrire plus pour gagner plus, un libre choix de contenu que l’on met en avant et pas d’avis sur le titre. Bref, le rédacteur n’a pas suffisamment à gagner pour être taxé de corrompu et en plus il publie les papiers sur son média, qui est donc nourrit.

Le média prend un petit risque en terme d’image – car pour, certains collaboration avec pro veut dire corruption ipso facto – et l’éditeur est 100% gagnant (pas besoin d’embaucher quelqu’un pour faire une com qui se fait tout seul, et un bon point en terme d’image), mais après tout c’est lui qui a eu la bonne idée. Et puis pour une fois qu’on propose à des rédacteurs-fans d’entrer dans la boucle, on ne va pas jouer les pucelles effarouchées !

La nouvelle proposition qu’a fait hier Kana me laisse plus perplexe…

Kana « embauche » des chroniqueurs pour son blog

Kana

Plusieurs des précautions prises par Bishi-Bishi semblent avoir disparu ici. Le rédacteur est toujours bénévole ? Plus ou moins en fait : « vous recevrez des tomes en avant-première et de nombreux autres cadeaux pour votre participation à notre communauté. » Pas de rétribution financière mais entre des albums au format numérique du cas précédent et des cadeaux pour participation à la communauté, il y a un petit pas de franchi. Les rédacteurs sont donc plus ou moins à la même enseigne que certains petits et moyens médias web, dans le sens ou nombre sont eux aussi semi-bénévoles. Sauf que là, ils opèrent pour Kana, ce qui m’amène au second point…

Demander de publier une chronique et donc de donner son avis sur un titre qui sera publié sur le blog de l’éditeur ? Si Kana accepte de prendre complètement le risque et publie les papiers négatifs sur ses titres les plus faibles on pourra tous l’applaudir pour l’éditorial. On attend donc avant de porter un jugement mais on peut mettre en avant des contradictions probables…

Comme tout site éditeur, il s’agit d’un espace de communication et de mise en avant de contenu. Les éditeurs grincent des dents lorsqu’ils font de la communication dans un média et que ce dernier descend le titre qui est justement en pub. Est-ce que l’image gagnée par la création d’une communauté participative vaut une mauvaise image pour un titre ? Bonne question.

Pour revenir à la gestion de cet éditorial : « En échange d’une chronique hebdomadaire et de l’un ou l’autre dossier, vous recevrez des tomes en avant-première et de nombreux autres cadeaux pour votre participation à notre communauté. » 4 chroniques hebdos… Sur les mêmes titres pour donner un avis plus large et plus crédible ? Des chroniques différentes pour que chacun ne chronique que ce qu’il aime ? Et d’ailleurs les tomes, qui choisit ce qui est envoyé ? Kana ou le rédacteur ?

Dernier point : on met les questions sur l’éditorial de coté, on passe à un autre problème. Si tout fonctionne dans le meilleur des mondes sur cette plate-forme et que les autres éditeurs décident de se lancer dans le même genre d’aventure, quid des web-journalistes ? Pour en revenir au cas particulier de Kana, si j’en juge des relations presses qui vont d’excellentes à fantomatiques selon les cas, de quel œil doit-on voir ce projet ? Y aura-t-il mise en concurrence de cette plate-forme et d’autres ? Si on peut espérer qu’il n’en sera rien pour les sites web déjà installés et de premier plan, que dire du cas des blogs ?

Alors que ces derniers émergent de plus en plus – et de mieux en mieux – depuis quelques années, cet initiative est-elle complémentaire ? Une preuve d’une reconnaissance ? Destinée à remplacer ceux qui travaillaient jusqu’ici avec les éditeurs ? On ne peut pas incriminer Kana sur leurs intentions, on ne les connait pas et rien ne nous dit qu’ils ne cherchent pas une relation gagnant-gagnant avec leur public, mais la généralisation de ce genre de projet sera-t-il un boosteur pour les plates-formes blogueuses ou le contraire ?

Comme vous le voyez tout ça pose beaucoup de questions… Et doit en poser de toutes façons, lorsqu’un éditeur propose du contenu proche ou similaire à un contenu de type journalistique, il faut prendre le temps de réfléchir et de s’interroger, pour ne surtout pas céder à l’attrait de l’e-égo sans avoir pesé le pour et le contre.

J’enverrai ce weekend un mail à Kana, en  leur proposant de répondre à ce post s’ils le souhaite, pour défendre leur projet et préciser son fonctionnement. On verra bien ce que ça donnera. Si Bishi-Bishi veut lui aussi apporter un commentaire, pas de soucis, au contraire !


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