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"On n'oubliera pas, on ne pardonnera pas"

Publié le 26 février 2012 par Aurialie

Cette semaine, à la galerie Marat Guelman, dans le cadre de la noart gallery, Skif Bratok, de son vrai nom Matveï Krylov, a organisé une performance intitulée "Поголовье" (Cheptel), pour attirer l'attention sur l'absence de dialogue entre le pouvoir et la société civile et sur l'usage de la violence du premier contre les membres de la seconde. Les deux derniers exemples de cette situation sont l'agression de l'activiste Mikhaïl Choulman et le meurtre d'un autre activiste à Samara, Nikita Colin. Comme le montre la vidéo ci-dessous ou ce reportage photo (lien externe), sa performance a consisté à écrire avec sa tête et de la peinture rouge, comme du sang, le mot "Poutine" sur le sol en béton de la galerie puis à nettoyer le sol.

Vidéo : http://www.youtube.com/v/4ivi3aJ14MA?version=3&.

Quelques jours avant sa performance, voilà ce qu'il écrivait sur son blog : "Quand ils ont agressé un défenseur des droits de l'homme – je me suis tu, en effet, ils sont du genre à avoir ce genre d'ennuis.
Quand ils ont frappé un peintre –je me suis tu . À l'école j'ai eu un trois en dessin.
Quand ils ont tué un natsbol – je me suis tu. Je ne me reconnaissais pas trop dans leurs idéologies, et il me semblait qu'il devait en être ainsi.
Quand ils ont agressé un journaliste – je me suis tu. Enfin, j'ai laissé quelques commentaires furieux sur LiveJournal, car j'écris aussi, un peu comme journaliste.
Quand ils ont agressé un militant de la société civile – je me suis tu. Bien que j'étais un peu tendu. En effet, je suis un citoyen, et à certains égards, même un citoyen actif.
Mais quand on m'a agressé* - le journaliste, le militant des droits de l'homme, l'artiste, les natsbols encore vivants et les activistes de la société civile sont descendus dans la rue pour protester et exiger de trouver les coupables.
J'ai honte de m'être tu.
"
* Je pense que Matveï Krylov fait référence à son emprisonnement de quelques semaines pour avoir jeté une bouteille d'eau sur un procureur.

Dans un autre article, il explique : "Il y a un peu plus d'un an, dans la cour de sa propre maison, Oleg Kachine était agressé. Et avant lui, Mikhaïl Beketov, Marat Guelman, Konstantin Fetisov, Lev Ponomarev. Et étaient tués Iouri Tchervotchkine et Anton Stradymov – et c'est seulement une petite partie du nombre total des victimes de telles attaques. Pendant les 10 dernières années en Russie, de tels moyens ont été utilisés pour résoudre des situations conflictuelles et éliminer les personnes "inutiles". Vladimir Vladimirovitch a partiellement contribué à cela, il a créé ce climat dans le pays. Et il faut se rappeler que sur chacun de nous, au-dessus de chaque tête "problématique" il y a aussi cette épée de Damoclès. Et la personne qui a plus d'argent et de pouvoir qu'un autre, peut toujours résoudre son problème avec lui par ce moyen."

Et enfin voilà ce qu'il écrit après sa performance : "Poutine est pour moi la personnification de notre époque, une époque de violence, où ces méthodes [violentes] sont largement appliquées. Les attaques mentionnées ci-dessus ne font pratiquement jamais l'objet d'enquête et restent donc non résolues. En plus, ce sont souvent des militants des mouvements pro-Kremlin qui agissent ainsi. Pour moi, Poutine est, en premier lieu, non pas un escroc et un voleur, mais un assassin. On l'a mis facilement à la tête du pays. J'ai relativement vite écrit le mot "Poutine" sur le béton. J'ai mis près de deux heures pour laver ces cinq lettres. (...) Et même quand son époque se terminera, son ombre restera sur le pays, comme une tache incarnadine sur le béton du sol de la galerie."

Le titre de cet article était aussi celui qui annonçait cette performance, que l'on peut apprécier, ou pas, que ce soit d'un point de vue artistique ou idéologique.


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