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La vie d'une autre, celle de ma voisine dans la salle

Par Tred @limpossibleblog
La vie d'une autre, celle de ma voisine dans la salleDimanche après-midi, je suis allé voir La vie d’une autre de Sylvie Testud. Je sais, les critiques le concernant frôlaient le désastreux, et les chances étaient minces que le film soit à la hauteur de son pitch prometteur : Marie, une jeune femme à l’avenir plein de promesses, rencontre un homme et passe la nuit avec lui un soir de 1996. Quand elle se réveille le lendemain matin, elle est dans un appartement luxueux avec vue sur la Tour Eiffel, est mariée avec l’homme avec lequel elle vient de passer la nuit, ils sont parents d’un jeune Adam et au bord du divorce. Quinze ans viennent de s’écouler, mais Marie n’en a aucun souvenir.
Je suis allé voir La vie d’une autre malgré la réputation peu glorieuse taillée par la presse. Parce que le principe du film me plaisait, parce qu’il s’agit de la première réalisation de Sylvie Testud, et parce qu’après L’ordre et la morale, j’avais envie de revoir Mathieu Kassovitz devant une caméra. Voilà pourquoi je suis allé voir La vie d’une autre, un film parfois enthousiasmant, parfois confondant de maladresse, mais qui vaut mieux que ce que la plupart des critiques en ont dit. Mais il semble que tout le monde ne soit pas allé voir les aventures amnésiques de Juliette Binoche pour les mêmes raisons que moi.
Ma voisine de gauche dans la salle, pour ne citer qu’elle, avait l’air d’avoir des raisons tout à fait personnelles n’ayant rien à voir avec les miennes. J’ai vite réalisé que ce qui intéressait particulièrement cette spectatrice dans le film de Testud, c’était le fait qu’il ait été tourné en partie à la Défense. Dès que le quartier d’affaires de la banlieue parisienne est apparu à l’écran, ma voisine s’est agitée dans son fauteuil, soudain très alerte et commençant à commenter pour l’amie qui l’accompagnait ce qu’elle voyait à l’écran. « Alors là sur la droite si tu continues un peu… ». « Oh tu vois là, la tour EDF ? Eh bah nous on est juste derrière »… et quelques descriptions de plus nous faisant bien comprendre même si l’on s’en contrefoutait (je plaide coupable) que madame travaillait elle aussi à la Défense.
J’ai trouvé cela formidable, absolument passionnant. Une vraie mine d’informations inattendues qui ont presque transformé La vie d’une autre en documentaire sur le microcosme de la Défense, avec voix-off incorporée… (l’ironie est passée ?) Pfff. Certains viennent au cinéma voir un film. La plupart des spectateurs j’imagine, j’espère. D’autres viennent s’amuser de voir le quartier dans lequel ils (elle !) bossent passer sur grand écran, et tiennent absolument à partager cette proximité avec quelqu’un, sans réaliser qu’au cinéma, on n’est pas dans son salon et que les autres spectateurs profitent eux aussi de ces commentaires futiles. S’il vous plait, si c’est votre cas, rendez-vous compte de la situation et ne le faites plus. Les autres s’en balancent, personne n’a envie de savoir pendant le film si vous bossez dans le quartier. Gardez l’info pour la sortie de la projection, vos voisins de salle s’en porteront mieux, et l’information n’aura pas perdu en validité.

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