Magazine Cinéma
L’histoire, on la connaît : deux tourtereaux emménagent à la campagne où ils deviennent la cible d’une bande de locaux sauvages. Pour qui aura vu l’original, datant de 1971 et signé Sam Peckinpah, le (sage) remake de Rod Lurie aura un goût de réchauffé. Et, contrairement à certaines recettes, la saveur finale ne s'en révèlera en rien plus piquante, l’impact de l’histoire étant atténué, faute à une modernisation complètement à côté de la plaque qui ne saisit rien des enjeux de l’époque. Aussi, le couple Dustin Hoffman et Susan George laisse place à celui formé par James Marsden et Kate Bosworth, qui peinent à incarner le crescendo émotionnel du récit. Côté "remise au goût du jour", le film se contente de quelques variations grossières : le mathématicien des seventies devient un scénariste d’Hollywood, le coin redneck et cradingue s’est mué en petit paradis publicitaire, les antagonismes entre les protagonistes se sont simplifiés. L’homme des villes versus celui de la campagne, tous réduits à des ramassis clichés, loin des nuances espérées.
Malgré un ensemble fade, qui n’a rien de l’uppercut voulu, notamment parce que le film n’assume jamais à 100% la violence psychologique de son message (le héros a ici des remords), tout n’est cependant pas à jeter. Quelques idées intéressantes parsèment une intrigue, vraiment dérangeante sur le papier, autour du bellicisme humain, de sa bestialité, de ses bas instincts. L’étude proposée sur le statut de la femme actuelle est également bien pensée : physiquement dominée par les bouseux, intellectuellement rabaissée par l’intellectuel, elle demeure d’un bout à l’autre pernicieusement malmenée. Une piqûre de rappel pour toutes les féministes de ce monde. Et, pour qui n’aura pas vu l’original, il s’agit ni plus ou moins que d’un thriller dans son plus simple appareil, correct et efficace.
Sortie direct-to-DVD : 7 mars 2012