Sleigh Bells
Reign of Terror
Mom+Pop
États-Unis
Note : 7.5/10
par Marie-Ange Zibi
Des groupes comme Sleigh Bells, il s’en déniche un aux quatre ans. Après Treats en 2010, un album aux allures de doses d’adrenaline tirées sans pitié, les deux têtes pensantes derrière la formation reviennent en force sur Reign of Terror; plus désarmantes que jamais, les bras chargés d’un son plus songé mais non moins incisif.
La marque de commerce du duo mixte de Brooklyn oscille autour de trois éléments. Des riffs de guitare rappelant les heures de gloire du heavy metal, une voix digne de la pop rêveuse de Beach House, le tout agrémenté d’une teinte de hip-hop désorientante. Pour ce deuxième opus, la chanteuse Alexis Krauss et le producteur et guitariste Derek Edward Miller ont compris que ce trio incendiaire avait besoin de renouveau et davantage de profondeur pour survivre à un éventuel feu de paille. Le son de Reign of Terror possède donc plus de texture: il s’illustre comme étant plus coloré que le précédent.
Quand un album s’ouvre sur les cris de la chanteuse s’adressant à la foule par un vibrant « New Orleans! What the fuck’s up? », l’on s’attend rarement à des ballades post-romantiques. Sleigh Bells nous le prouve tout au long des onze pièces de l’album. La très métal True Shred Guitar, pièce d’entrée, part le bal, appuyée par les distorsions de guitare signées Miller. La tension monte dans des pièces comme Born to Lose (premier single de l’opus) et atteind son paroxysme dans la puissante Demons, véritable cri de rebellion. La touche noise caractéristique de Sleigh Bells égaye également des titres comme Crush, une des pièces les plus douces.
Tout en gardant ce côté énergique propre au groupe, les chansons de Reign of Terror possèdent des subtilités techniques et musicales qu’il était difficile de retrouver dans Treats. De la viscérale Never say Die à la lo-fi Leader of the Pack. Les mélodies y sont moins simplistes, davantage réfléchies et mieux peaufinées.
Ce semblant d’évolution s’explique dans un élément: l’accent a vraisemblablement été mis sur le contenu, soit les paroles, plutôt que sur la forme. Les thèmes couvrent des sujets aussi sombres que la mort ou le suicide et ce, d’une manière peu orthodoxe: « Heard you say suicide in your sleep, just get on with it / you were born to lose ». De quoi se rallier au camp Del Rey et le fameux « Born to die ».