Charles Dobzynski publie une nouvelle traduction des Sonnets à Orphée. Poezibao propose en regard la traduction d’un même sonnet, le 22ème, par Armel Guerne.
XXII
Les trépidants nous sommes.
Mais chaque pas du temps,
prenez-le juste comme
un rien dans le constant.
Tout cela qui se presse
sera du passé. Mais ici-
même, seul ce qui reste
vraiment nous initie.
Ne jetez point vos hardiesses
Ô jeunes gens dans la vitesse,
ni dans l’envol l’essai de vivre.
Tout repose en sérénité,
l’obscur, la clarté,
la fleur et le livre.
Rainer Maria Rilke, Sonnets à Orphée, traduit de l’allemand par Charles Dobzynski, édition bilingue, coll. Cardinales, Orizons, 2012, p. 65
Wir sind die Treibenden.
Aber den Schritt der Zeit,
nehmt ihn als Kleinigkeit
im immer Bleibenden.
Alles das Eilende
wird schon vorüber sein ;
denn das Verweilende
erst weiht uns ein.
Knaben, o werft den Mut
nicht in die Schnelligkeit,
nicht in den Flugversuch.
Alles ist ausgeruht :
Dunkel und Helligkeit,
Blume und Buch.
Les empressés nous sommes,
Mais la marche du temps,
tenez-là comme rien
au sein du permanent toujours.
tout ce qui est vitesse
ne sera que déjà passé ;
car c’est ce qui séjourne
qui seul nous initie.
Jeunesse, oh ! ne le jette pas
ton cœur dans la rapidité
pas aux tentatives du vol.
L’obscur et la clarté,
la fleur comme le livre :
tout est repos.
Rainer Maria Rilke, Les Élégies de Duino, suivi de Les Sonnets à Orphée, traduits par Lorand Gaspar (1) et Armel Guerne (2), édition bilingue, Points/Poésie, 2006, p. 143.
Rainer Maria Rilke dans Poezibao :
bio-bibliographie, extraits 1, notes sur la poésie, nouveaux poèmes suivi de Requiem (parution Points), 5 traductions du début de la 1ère élégie de Duino, ″An die Musik″, 3 traductions, ext. 4