aller au pré
(avec P-A.T)
Nous avons vu le Tigre vivant au sommet
De la citadelle, par vent d'automne, sous
Un masque de patience ; personne pourtant
N'oserait traverser le petit pré devant
Lui. Nous avons bien vu des singes et des paons -
Nous qui tenons des deux - mais pour aller au pré
Nous manquons d'ailes, de légèreté
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Chez les Filles mes voisines, la nuit
On travaille. Le client n'est pas rare
Mais fanfaron ou craintif. Il repart
Et revient : soit il monte soit il fuit
Au bistrot retrouver courage au fond
D'un verre ou le perdre aussi c'est selon
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Tropiques
Des filles qui se changent au bord du terrain
De foot et montrent leurs torses dorés,
Leurs seins nus, je ne sais quelles beautés
Encore, sportives et pleines de l'entrain
Du match et de la bagarre pour le ballon,
Des clameurs et des joutes à toute crinière,
Au vent, sur l'herbe ou le gazon de la clairière,
J'aime la grâce des buts sous le soleil de plomb,
L'invention, l'émotion, le dribble
Endiablé des grands jeux du premier jour
Avant les lourdes pluies de l'indicible,
Le déluge qui menace toujours.
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J'ai longtemps aimé les crabes
Et suivi des yeux leurs travaux comme ils font
Eux-mêmes les miens - à bon droit car je feins
De lire et d'écrire et nous sommes voisins
De sable. Nos petites fabrications
De plumes et pinces, nos congénères
Les verront sans regret glisser à la mer
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Marseille, en face de la Vieille Charité
Somalienne la très jeune Africaine ?
De la Corne d'Afrique c'est tout à
Fait sûr, et d'une grâce inconcevable.
Elle tourne et bourdonne dans la corde
À sauter. Je m'arrête stupéfait
De bonheur. Son père qui n'est pas loin m'a vu
Et me fait un signe de grand seigneur
Je reste un long moment. Encore une journée
De sauvée
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Face au Lion d'or
Comme je remontais le courrier
Chez moi, regardant le Lion d'or
Brillant dans la nuit noire, une noire
Et Très Haute Dame m'a fait Signe.
Je ne pesais pas lourd devant ce fauve
Quand je taille mon arbre chaque année
Sous le regard des Filles et Clients
Toujours étonnés de me voir perché
Si haut parmi les branches, m'invitant
Encore plus haut, elles, pour "le café"
Je décline sans mentir car je n'aime
Que le thé
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La Mort distraite a longtemps passé près de moi
Sans me voir et puis comme une danseuse un peu
Saoûle à qui j'aurais imprudemment fait de l'œil,
Elle m'a vu. Maintenant elle se rapproche
De mes Amis qu'elle importune sans
Façon quand elle ne leur tombe pas
Dans les bras
[choix d'Alain Paire]
Frédéric Wandelère, La compagnie capricieuse, éditions La Dogana, 2012, pp. 13, 29, 43, 60, 67, 88-89 et 95.
Portrait de Frédéric Wandelère par Alain Paire