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"Soyez sympas, rembobinez"

Par Critikacid
Après l'excellent "Eternal Sunshine", et le moins excellent quoique parfois étincelant "Sciences des rêves", Michel Gondry livre un nouveau film qui creuse, c'est le moins que l'on puisse dire, le même sillon, mais sur un veran ... altermondialiste.
A savoir qu'il combine d'ingénieuses trouvailles parfois hilarantes avec un infantilisme toujours aussi marqué et une dénonciation particulière de la grande industrie du cinéma.
D'ailleurs son ingéniosité est tissé d'ingénuité. C'est un délire d'ado qui sert de tremplin au film : en tentant de saboter une centrale électrique (l'une des scènes les plus drôles au demeurant) , Jerry reçoit une décharge qui en  fait un magnétiseur... on est en plein "comics". Et comme il se trouve que son meilleur ami travaille dans un magasin où l'on ne loue que des VHS (et pas de DVD, on va y revenir), toutes les cassettes se trouvent effacées. Voilà les deux compères qui décident de refaire les films eux-mêmes (des films "suédés" dont on peut voir le résultat ici), ce qui leur attire un succès dont ils ne se seraient pas doutés eux-mêmes.
Triomphe du rêve sur la réalité, on peut ausi voir ce film comme un plaidoyer pour un cinéma artisanal, un cinéma libéré des contraintes du marché et laissant pleine liberté aux délires de ses auteurs. Quoique cette apologie d'un cinéma "auteur et bouts de ficelles" ne soit pas dépourvu d'ambigüité puisque le message est émis depuis le côté industriel du cinéma.
Qui plus est sa vision du monde reste, comme précédemment, particulièrement infantile - il ne s'agit pas de lui en faire reproche! - en ce sens qu'on vit dans un tout petit monde, a small small world, dans lequel il s'agit d'échapper au quotidien gris ("les gens qui vivent ici le font parce qu'ils n'ont aucun autre endroit où aller" dit Jerry) en retombant en enfance.

Mais on peut se demander dans quelle mesure Michel Gondry n'a pas fait un film épousant également de près les préoccupations de certains "altermondialistes". Il se livre en effet à une dénonciation parfois tordante de la standardisation du "marché du film", jusqu'à recourir à Sigourney Weaver, bref à ... Alien, pour incarner les représentants de l'industrie défendant cette uniformité au nom des "droits d'auteur".  Et de quel point de vue? Celui d'une sorte de commerce équitable du cinéma artisanal, de la "démocratie participative" faite film, des initiatives locales exemplaires s'opposant au pouvoir des "majors". On frôle même le recours au micro-crédit... 
De là à tirer un trait d'égalité entre altermondialisme et ingénuité... la tentation nous saisit il faut bien le dire!
Reste au delà de toutes ces remarques que Gondry a un mérite essentiel - et il le doit précisément au fait que ce soit un grand enfant: il arrive à nous toucher, et à nous faire rire. Ce qui est déjà un don et un cadeau dont il faut profiter... sans réserves !  

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