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Zbigniew Herbert (anthologie permanente)

Par Florence Trocmé

Les éditions le Bruit du temps ont entrepris de publier l’œuvre complète de Zbigniew Herbert.  
 
La pierre blanche 
 
Il suffit de fermer les yeux – 
 
mon pas s’éloigne de moi 
comme une cloche sourde l’air va l’absorber 
et ma voix ma propre voix qui crie de loin 
gèle en une pelote de vapeur 
mes mains retombent 
encerclant la bouche qui crie 
 
le toucher animal aveugle 
se retirera au fond 
de cavernes sombres et humides 
subsistera l’odeur du corps 
la cire qui se consume 
 
alors grandit en moi 
non la peur ou l’amour 
mais une pierre blanche 
 
c’est donc ainsi que s’accomplit 
le destin qui nous dessine au miroir d’un bas-relief 
je vois le visage concave la poitrine saillante et les coques sourdes des genoux 
les pieds dressés en gerbe de doigts secs 
 
plus profonde que la terre le sang 
plus touffue que l’arbre 
la pierre blanche 
plénitude indifférente 
 
mais les yeux crient à nouveau 
la pierre recule 
c’est à nouveau un grain de sable 
noyé sous le cœur 
 
nous absorbons des images nous remplissons le vide 
notre voix se mesure avec l’espace 
oreilles mains bouche tremblent sous les cascades 
dans la coquille des narines vogue 
un navire transportant les arômes des Indes 
et des arcs-en-ciel fleurissent du ciel aux yeux 
 
attends pierre blanche 
il suffit de fermer les yeux 
 
 
Biały kamień  
 
Oczy tylko zamknąć -  
 
krok mój oddala się ode mnie  
jak głuchy dzwon pochłonie go powietrze  
i głos mój własny głos który z daleka woła  
zamarza w kłębek pary  
ręce opadają  
złożone wokół wołających ust  
 
ślepe zwierzę dotyk  
cofnie się w głąb  
w pieczary ciemne i wilgotne  
zostanie zapach ciała  
palący się wosk  
 
wtedy rośnie we mnie  
nie strach nie miłość  
ale biały kamień  
 
więc to tak się spełnia  
los co rysuje nas na lustrze płaskorzeźby  
widzę zaklęsła twarz wypukłą pierś i głuche muszle kolan  
stopy zadarte wiązkę suchych palców  
 
głębszy niż ziemi krew bujniejszy  
niż drzewo  
jest biały kamień  
obojętna pełnia  
 
lecz znów krzyczą oczy  
kamień się cofa  
znów jest ziarnkiem piasku  
zatopionym pod sercem  
 
połykamy obrazy wypełniamy pustkę  
głos się zmaga z przestrzenią  
uszy ręce usta drżą pod wodospadami  
w muszle nozdrzy wpływa  
okręt wiozący aromaty Indii  
i zakwitają tęcze od nieba do oczu  
 
czekaj biały kamieniu  
oczy tylko zamknąć 
 
Zbigniew Herbert, Corde de lumière, Œuvres poétiques complètes, 1, trad. du polonais par Brigitte Gautier, édition bilingue, Éditions Le Bruit du Temps, 2011, pp. 214 à 217. 
 
Zbigniew Herbert dans Poezibao :  
bio-biliographie, extraits 1, ext. 2, ext. 3  


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